mercredi 30 juillet 2014

De l'intelligence

On en dit tout et son contraire, cette fois-ci, je voudrais vous présenter...
... un fidèle serviteur du bonheur: l'intelligence!
O hommes sans intelligence...
Voila bien souvent ce que nous sommes.
Car qu'est-ce que l'intelligence? C'est ce qui relie, ce qui nous relie. Une des facultés les plus nobles et supérieures de l'homme. Elle est bien distincte de l'intuition et de l'instinct, que nous avons de commun avec les animaux. Elle est ce qui fait qu'un homme est homme, et si un animal autre qu'homo sapiens en était doté, il faudrait le considérer comme être humain, semblable.
L'intelligence, donc, est ce qui nous permet de relier l'immatériel avec l'immatériel, les idées entre elles, idées d'abord perçues dans le monde sensible. Les connaissances acquises, avec les ensembles de choses que l'on croit, vont nous permettre de généraliser en reliant des idées entre elles et augmenter de façon considérable nos capacités.
En comprenant, on pénètre dans l'essence même des choses, on arrive au coeur même des règles du monde. L'intelligence nous donne d'aller au-delà de l'aspect extérieur des choses pour rentrer vraiment dedans.
Un exemple tout bête: il existe des millions de types de chaises différentes, de toutes dimensions, couleurs, formes... mais ce sont toujours des chaises, même si on ne s'en rend pas tout de suite compte. Ce qui reste lorsque notre esprit enlève tous ces éléments qui ne font pas d'une chaise une chaise, mais qui sont juste des caractéristiques secondaires, c'est l'essence de la chaise. Un type particulier de meuble, un siège pour une personne (contrairement aux sofa et banc) avec dossier (contrairement au tabouret), avec un piètement (les pieds), une assise (où on s'assoit) et un dossier. Voilà, ça, c'est l'essence de la chaise, et tout ce qui répond à cette définition, compréhensible par l'intelligence et réalisée, fournie par l'intelligence, est une chaise. On n'a plus accès à des chaises, mais ce qu'est la chaise.
L'intelligence entre dans les définitions, mais aussi beaucoup d'autres dimensions. Elle cherche ce qu'il y a de plus important. Ce qui est suffisant et nécessaire, mais aussi ce qu'il y a de plus efficace, de plus adapté.
Pénétrer la complexité de problèmes logiques ou mathématiques et par extension la complexité de la structure du monde... Comprendre les structures de langages pour manier la parole comme un grand orateur... Réussir à nous comprendre nous-mêmes... Ou à deviner les réactions des autres... Manipuler des images, des formes dans sa tête... Classer des objets dans des catégories... Evaluer les sons et goûter la magie de la musique dans sa réalisation... Perfectionner l'art du toucher, du déplacement d'objets avec précision... Questionner l'existence des choses...
Et pourquoi pas d'autres... à chaque fois, aller au-delà du sentiment, des sens externes, et relier les éléments, les idées pour se rapprocher de la vérité des choses.
Mais bien sûr, ce qui nous intéresse le plus, ici, c'est l'intelligence du bonheur. Cette intelligence qui nous aide, quand on en est pourvue, qu'on la développe, qu'on la travaille, qu'elle grandit (comme n'importe quelle forme d'intelligence) à mieux saisir ce qu'est le bonheur et comment l'atteindre.
Scruter les profondeurs du bonheur et comprendre comment il se déploie dans notre vie.
Parce que l'intelligence fait un aller retour: en réussissant à généraliser ce qui rend heureux, on arrive à déterminer ce qui nous rend heureux ou peut nous rendre heureux dans notre vie.
C'est ainsi que l'intelligence est un serviteur précieux du bonheur: il fait le messager, le va-et-vient entre le bonheur et nous.
Développer l'intelligence du bonheur, c'est nous aider à distinguer les meilleurs choix pour être heureux.

jeudi 17 juillet 2014

Du conseil

On continue dans la catégorie de l'inattendu et de l'étrange, et pourtant...
Un serviteur un peu méconnu du bonheur, c'est le conseil!
Et oui, car le conseil conduit au bonheur.
Après tout... pourquoi prendre conseil auprès des autres si ce n'est pour faire le bon choix, ce qui doit être fait, ce qui est le mieux pour nous?
Un conseil est toujours bon à prendre, pas toujours à suivre. En fait, la façon de recevoir un conseil est presque aussi précieuse que le conseil lui-même. Et cela demande de la bienveillance.
Bienveillance à l'égard de soi, à l'égard de l'autre, à l'égard de ce qui vient comme ça vient.
En réalité, là où le conseil joue, c'est dans la prise de décision. D'une part, notre raison qui va privilégier une solution plutôt qu'une autre, infléchir notre action d'un côté, d'un autre, ou d'aucun... D'autre part, dans la décision de mettre en action cette décision.
Exemple: je décide de faire du bricolage, un truc tout bête, comme de réparer mon vélo. J'ai ma pédale défoncée, il reste presque plus rien, une ruine... que faire? Si je réfléchis seul, la situation ne peut plus durer. En fait, ça fait déjà un moment que j'aurais du m'en préoccuper, mais j'ai laissé traîner... que faire? J'ai une succession de choix qui s'ouvrent devant moi, certains sont réalistes, d'autres pas du tout, et ils ne coûtent les uns ni le même temps, ni le même coût, ni la même énergie. Changer de vélo, en emprunter un ou en racheter un autre, démonter ma pédale et la réparer, en acheter une autre et la remplacer, mettre mon vélo chez le garagiste, arrêter de faire du vélo... Les conseils que l'on reçoit mettent en aspect certains reliefs de la question qui nous donnent un éclairage particulier et nous donnent d'y voir plus clair. Ici, c'est pas très important, on a juste un vélo en jeu, mais déjà, le choix qu'on fait n'est pas anodin: il y a un certain plaisir à réparer un objet cassé, à utiliser des outils, à améliorer un produit déficient, à recréer de la fonctionnalité là où elle était limitée... Et l'usage d'une solution se fait alors en meilleure connaissance de cause.
Oui, on ne sait pas tout des questions avant d'apporter des solutions. Mais les conseils nous donnent comme un surplus d'expérience, une meilleure préparation pour prendre les décisions.
Le conseil renforce les liens.
Faut-il donc donner des conseils à tout va? Certes non. Ils doivent être recevables et pour le bien de celui qui les reçoit. Un mauvais conseil peut faire beaucoup de mal, comme un bon mal reçu peut générer des catastrophes parce qu'il sera mal réceptionné... Mais ça n'enlève pas l'utilité première du conseil: aider à choisir.
Mais il y a une profondeur particulière du conseil que l'on a pas encore abordé ici, et qui est le coeur de l'utilité du conseil, pour accéder au bonheur: c'est d'écouter ce que le bonheur à a nous dire.
Mieux: écouter ce que le bonheur a à me dire personnellement.
Ma conscience, ce vieil ami, c'est elle auprès de qui je dois me mettre à l'écoute. Est-ce que fondamentalement, je trouve que telle ou telle action s'accorde avec ma conscience? Est-ce que telle ou telle décision me mène in fine au bonheur... ou à un instant illusoire?
Est-ce que je vais devenir heureux avec la décision que je prends?
C'est au fond de nous-même que se trouve la réponse aux questions du bonheur, et du bonheur de chacun. Pas un vague bonheur lointain, ou un bonheur universel dans lequel je n'aurais pas ma place, mais bien ce bonheur qui m'attend.
Il est là, et il faut écouter les conseils qu'ils nous donnent, puis les mettre en pratique. Mais d'abord les écouter. Ecouter le plus profond de nous-même.
C'est là, en nous-même, que se trouvent les meilleurs conseils à recevoir.
Ceux qui nous parle du bonheur.
Ceux qui font parler le bonheur.
Le conseil, c'est ce serviteur qui se fait voie, voix du bonheur.

vendredi 11 juillet 2014

De la force

Je continue ma réflexion sur le bonheur.
Dans l'article précédent, je montrais comment la science, après la piété et la crainte, sert pour atteindre le bonheur.
Aujourd'hui, je vais parler de quelque chose d'un peu plus viril, encore que (!), de la force.
D'ailleurs, ça me rappelle cette réflexion qui est que comme modèle de virilité pour un jeune, rien de tel que de prendre l'exemple de saint Jeanne d'Arc. Bim, rien que ça.
Essayons une définition de la force... on va considérer que c'est ce qui assure la fermeté dans les difficultés et la constance dans le bien. Elle rend capable d'affronter les épreuves et les difficultés. Est-ce que cela nous permet de parvenir au bonheur?
La force physique est souvent la première chose à laquelle on pense quand on parle de force. C'est d'ailleurs dommage lorsque certains veulent opposer force et douceur, mais j'y reviendrai.
L'activité physique répétée donne une force qui permet de faire des actions plus difficiles (porter des altères de 50 kg au lieu de 40 kg par exemple) et pendant plus longtemps. Il y a donc une dimension d'intensité, plutôt masculine, de faire ponctuellement quelque chose d'intense (comme un sprint) et une dimension de durée, plutôt féminine, de faire quelque chose pendant longtemps malgré la présence d'une difficulté (comme être enceinte pendant 9 mois).
La force permet donc de faire quelque chose de difficile.
La force physique permet de faire un effort ponctuel qui demande un investissement d'énergie ciblé comme un effort plus long qui demande le maintien dans le temps de l'utilisation de son énergie.
C'est quelque chose de bien.
Mais à ce niveau-là, on voit mal comment atteindre le bonheur avec cette force-ci si on s'arrête là. Elle est très utile car elle va nous servir de moyen pour accomplir des actions. Mais le bonheur ne repose pas dans le faire... mais dans l'être.
Et être fort... c'est être ferme et constant. C'est être capable de déployer un effort. Il y a la dimension physique, avec toute son importance, mais il y a aussi une dimension plus spirituelle. Lorsqu'il y a une épreuve qui nous tombe dessus, peu importe les muscles, c'est la constance de la volonté, la fermeté dans le choix de la décision qui montrent la force intérieure d'une personne.
Cette dimension interne est moins visible, mais plus impressionnante. Par exemple, celle de la fidélité jusqu'au bout. Qui est très belle. Ou celle du don de soi, du don de sa vie en un instant comme Péguy dans les tranchées et tant d'autres sur un champ de bataille. Du sacrifice quotidien de soi, comme tant de mères qui vivent pour leurs familles jusqu'au dernier instant d'une longue vie.
Parce que la force, c'est dire oui ou non dans les moments les plus importants, les situations de dilemme, mais c'est aussi poser au quotidien le oui et le non dans les plus petits moments, toutes ces petites teintes de couleur qui donnent sa luminosité et sa clarté à la mosaïque de notre vie lorsqu'ils nous libèrent et nous amènent vers le bonheur.
Toutes ces acceptations, tous ces renoncements, ce sont des preuves de force lorsqu'ils nous font renoncer à un plaisir ou un bien facile au profit d'un bien qui fera plus surement notre bonheur.
Il y a de nombreux obstacles au bonheur: torpeurs, fatigues, doutes, incertitudes, peurs paralysantes, et bien d'autres. La force vient lever ces obstacles qui nous empêchent d'être heureux.
Etre heureux, c'est difficile. Mais ça en vaut le coup.
La force, serviteur du bonheur, nous aide à lever les obstacles qui obstruent la route y menant.

mercredi 2 juillet 2014

De la science

On arrive au milieu de nos serviteurs, au troisième. On pourrait avoir du mal à le considérer comme tel, mais vous verrez qu'il porte bien son titre.
Je vais donc traiter de... la science!
Beaucoup voudrait opposer les sciences à l'économie et à la littérature... c'est être assez étroit d'esprit.
En fait, on parle bien de sciences économiques, de sciences politiques et sociales, même si je ne me souviens pas avoir entendu parler de sciences littéraires... ça pourrait être intéressant...
Et on oppose souvent sciences dures aux autres sciences: une science dure tient toute seule à partir du moment où on pose les axiomes. Les mathématiques, une fois les règles de la logique acceptées, nous donne un tout intelligible en lui-même sans contact avec le monde matériel. Les modèles développés servent de stock d'idées pour appréhender le monde réel et mettre en place de nouveaux modèles utiles. Les sciences économiques et physiques puisent massivement dans les maths par exemple.
La science est donc d'abord connaissance. Une science est délimitée et permet de connaitre ce qui est inclus dans le domaine. La biologie s'intéresse au vivant, c'est qui parle du vivant, mais en allant puiser régulièrement sur ce qui touche au vivant sans être vivant, pour enrichir la discipline de la science en voyant les liens avec d'autres disciplines, comme la science des sols (pédologie), science des roches et de la terre (géologie), science du climat (météorologie)... tout cela nous parle du monde et nous donne à la connaitre.
Or, connaître, apprendre, c'est là le véritable objet de notre raison. En tant qu'être dotés d'intelligence, nous voulons connaître, et cela nous procure de la joie. Connaître permet de mieux aimer, et quand on aime, on cherche à connaître l'objet de notre amour. L'orientation de toute une vie doit se baser sur ce qu'on connaît, et sur ce qu'on aime. Cela nous conduit vers ce qui devrait le mieux nous convenir selon nos affinités personnels.
Et connaître le bonheur, c'est déjà s'en rapprocher.
Il existe plusieurs types de savoirs: les connaissances, les savoirs-faire, et les savoirs-être, au moins.
Connaitre, c'est du niveau du dictionnaire, ou de l'encyclopédie. C'est très loin de nous. Mais on touche à l'objet. C'est un premier degré précieux qu'il convient de favoriser comme base pour la suite.
Savoir faire, c'est mettre en pratique une connaissance abstraite. On passe à un niveau plus profond. On touche à la matière de l'objet. Savoir faire une réparation sur un vélo, c'est autrement différent que de savoir qu'il faut utiliser un outil ou un autre! On passe à une dimension plus technique, qui nous fait toucher les limites de nos connaissances et combien les choses sont plus riches que le modèle théorique sur lequel on se basait au début.
Savoir être, c'est en lien avec notre essence. On vit notre connaissance au degré le plus profond possible. Etre mécanicien, pour filer la métaphore, c'est bien autre chose que savoir faire une réparation de vélo. C'est comprendre en profondeur le fonctionnement du vélo et de chacune de ses pièces, ainsi que les outils pour le réparer et ce qui convient mieux que le reste. Ca demande du temps. Ca produit un surcroit d'être. C'est plus qu'une somme de faire: c'est un développement de l'être.
Connaitre que le bonheur procure de la joie, c'est bien. Faire des actions qui nous donne cette même joie, c'est connaître davantage et plus parfaitement le bonheur. Être authentiquement heureux en vivant de la joie, c'est ce que je ne peux que souhaiter à chacun. C'est l'aboutissement de la quête du bonheur.
Il y a beaucoup à dire encore, mais je m'arrêterai là: la science du bonheur, voilà un généreux serviteur du bonheur: celui qui nous le fait connaître... en nous le faisant vivre.
Heureux ceux qui sont heureux: ils savent, ils font, ils vivent ce que c'est d'être heureux.