mardi 4 novembre 2014

Du sens des priorités

Savoir ce qui est important et ce qui l'est moins, voila bien un signe d'intelligence.
Et il est de coutume dans les débats de considérer sa position comme plus importante que celle de l'autre, mieux appropriée, plus adaptée.
Sans savoir ce qu'il en est vraiment sur un point particulier, je m'interroge tout de même. Ici rentre la prudence...
J'ai déjà parlé des fins dernières. Et il me semble important d'être exhaustif, même si c'est fait de façon brève, sur la question. En tout cas, de ne pas tronquer toute une partie de la question. Et au détour de la fête des défunts du 2 Novembre, on entend beaucoup parler d'espérance et de miséricorde, de paradis, de défunts heureux qui nous attendent là-haut... et il faut en parler.
Ne parler que de ça si on en touche juste un mot, c'est peut-être aller vite sur l'essentiel et un appel à creuser la question, mais en lisant à droite à gauche, j'ai souvent le sentiment qu'on voudrait résumer le message à juste ça et ne pas voir le reste.
Un public non chrétien par exemple à qui on fait découvrir le paradis, c'est présenter ce qu'il y a de plus important, puisque c'est ce vers quoi on tend, notre essentiel, notre but véritable quand on est croyant: ce bonheur qui nous est promis.
La promesse de la résurrection et du ciel, c'est le coeur de notre foi, bien sûr.
Mais ne parler que de ça, sans mentionner qu'on ne va pas tous au paradis et que beaucoup certainement doivent d'abord passer par une purification (comme l'or passé au feu qu'on fond et refond pour en enlever les impuretés, ou les draps lavés et relavés jusqu'à ce que les tâches disparaissent définitivement), ça me semble boiteux.
Je récidive et je me répète, je me trompe peut-être et peut-être qu'il faut d'abord ne parler que de paradis. Ca dépend des circonstances et du public qu'on vise, et la façon dont on traite la question. Mais ne jamais parler dans ces périodes-là d'enfer et de purgatoire, c'est le risque qu'on arrête de prier pour ceux qui ont tant besoin de nos prières (au purgatoire) et à qui on le doit par devoir de justice; et le risque que des personnes menant une vie de désordre la poursuive et se jette tout droit en enfer, et à qui on doit annoncer la vérité, par devoir de charité (et non pour jeter des anathèmes).
Sans aller jusqu'à un exposé sur l'enfer pour attirer les gens au ciel (ce qui est prendre la question à l'envers et serait surement contre-productif), mentionner son existence me parait important. Lire le passé permet de regarder l'avenir et de rectifier le tir de notre destin en changeant nos comportements du présent. On ne devient pas heureux automatiquement.
D'abord parler du ciel, bien sûr. Ce bonheur qui nous attend est prioritaire, mais il ne saurait nous empêcher de parler du reste. Dire qu'on va vers le bonheur sans dire qu'on peut en être privé dans certaines conditions? Je ne pense pas que cela soit prudent, mais je me trompe peut-être. C'est bien parce qu'il est si facile de passer à côté du bonheur qu'il faut dire que celui-ci existe et dans un même mouvement qu'on risque de passer à côté. Peut-être que je changerai d'avis sur la méthode avec le temps... C'est l'art et la manière, ça s'apprend...
Ce qui est sûr, c'est que l'essentiel, c'est le bonheur éternel. Le seul essentiel, c'est le ciel.

dimanche 2 novembre 2014

Courte histoire de France à travers ses saints...

Parfois, je me demande vraiment pourquoi les gens n'étudient pas plus l'histoire... ^^ Enfin, l'histoire en profondeur, sur plusieurs siècles...
La France, fille aînée de l'Eglise, bien des fois apostates, et ayant renié de multiples fois les promesses de son baptême, s'est sortie bien des fois de situations qui paraissaient plus tragiques qu'aujourd'hui...
Entre les grandes hérésies, les luttes intestines, les guerres de religions, les schismes liés au gallicanisme, des antipapes français à Avignon, les persécutions de la révolution, les différents mouvements politiques laïques violemment anti-catholique et anticléricaux, les lois contre les religieux dont l'apogée arrive avec l'expulsion des ordres hors de France en 1905... l'histoire de la France catholique n'est pas une longue période de gloire cathédralesque précédent un terrible XXe sicèle apostat menant à un XXIe siècle sans espoir...
En réalité, malgré des curés de campagne sous-instruits, malgré des chanoines ignorant tout de la situation des pauvres confiés à leurs soins, malgré des nominations par les politiques d'évêques et autres responsables religieux... malgré tout ça, la France a gardé son identité catholique et est revenu à sa foi bien des fois...
Oui, la France, comme royaume hier et comme état aujourd'hui, est une terre de bien des pays... une terre dont émerge régulièrement des saints qui bouleversent la destinée de notre pays. Petit exposé:
A Lyon au deuxième siècle, capitale des Gaules, sainte Blandine est jetée aux lions avec plusieurs dizaines d'autres chrétiens. De cette terre jaillira une moisson abondante pour l'Eglise.
A Paris au troisième siècle, saint Denis est le premier évêque et meurt décapité: il est le saint patron du diocèse de notre capitale qui connaîtra son lot de grands saints.
A Poitiers, au quatrième siècle, saint Hilaire devient évêque et lutte contre l'arianisme qui fait des ravages et sera nommé docteur de l'Eglise. Le premier d'une liste d'évêque qui compte bien des saints...
Toujours au quatrième siècle, on a le hongrois saint Martin qui fonde le premier monastère français. Il est célèbre pour avoir donné la moitié de son manteau à un pauvre.
Au cinquième, on a sainte Quitterie qui meurt tuée par son père car elle refuse d'être mariée de force. Elle aura bien plus apporté à la cause des femmes en France que nos féministes d'aujourd'hui! Saint Céline et sainte Geneviève sont de la même époque!
Fin sixième début septième, saint Eloi fonde des hospices, hôpitaux, monastères...
Au neuvième, sainte Solange meurt pour garder sa pureté. Son culte est très populaire du côté de Bourges.
Fin dixième début onzième, saint Odilon répand le culte de Notre Dame dans les monastères et institue la fête de la commémoration des morts le 2 Novembre. Un de ces grands abbés de Cluny.
Au douzième, saint Bernard, docteur de l'Eglise, réforme l'ordre des bénédictins qui n'était plus trop ça. Il fonde l'abbaye de Clairvaux, apaise les querelles entre rois et seigneurs, maintient l'unité de l'Eglise qui était sérieusement mise à mal...
Même époque, saint Dominique, espagnol, introduit en France la dévotion au rosaire, convertit les cathares en région narbonnaise et toulousaine, fonde l'ordre des frères prêcheurs, des intellectuels, dont sortiront entre autres saint Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin... Et les cathares, c'était pas super catho... (en Italie, c'est l'époque de saint François d'Assise, qui embrasse aussi la vie de pauvreté...)
Treizième, saint Louis bien sûr! Le roi chrétien par excellence. L'époque des cathédrales. La sainte Chapelle et la Sorbonne. Il laisse la France en paix et prospérité.
Au seizième, sainte Germaine est un modèle de sainteté cachée. Dans la région de Toulouse, son culte est immense: le lieu où elle est morte est la destination de nombreux pèlerinage sans arrêt depuis cinq siècles...
Même époque, saint François de Sales, qui fonde l'ordre de la visitation et écrit l'introduction à la vie dévote et le traité de l'amour de Dieu. Combien de convertis et de sanctifiés grâce à lui? "A chacun son chemin de sainteté", pour résumer son enseignement en une phrase.
Dix-septième, saint François Régis, jésuite, attire les foules, catéchise, évangélise... Encore une fois, son tombeau est un lieu de pèlerinage très fréquenté.
Début dix-huitième, saint Louis Marie-Grignon de Montfort fait tout pour Jésus par Marie. La Vendée est littéralement convertie par lui. Ses apports pour l'Eglise sont immenses. Sa devise est reprise par saint Jean Paul II "Totus tuus": Tout à toi (Jésus, par Marie).
Au dix-neuvième, alors que la foi avait péréclité, on assiste à un formidable renouveau, tant et si bien qu'à travers le monde, la moitié des missionnaires sont français. Saint Pierre Chanel dans les îles près de Nouvelle Calédonie, par exemple. Et le saint curé d'Ars en France, qui part de trois paroissiens au début de son ministère à attirer les foules à la fin de sa vie. Et on doit à sainte Catherine Labouré la médaille miraculeuse. A sainte Bernadette Soubirous Lourdes. Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, docteur de l'Eglise, et responsable d'un nombre immense de conversions...
Au vingtième siècle, on compte encore le bienheureux Charles de Foucauld, Marthe Robin, une foule immense de martyrs lors de la deuxième guerre mondiale tués parce que prêtres ou même plus simplement catholique...
La Foi est ébranlée en France? Ce n'est pas la première fois! Et ce n'est peut-être pas la dernière. Mais à chaque fois, des saints brûlants de l'amour de Dieu ont jailli. Ces amis de Dieu ont converti notre beau pays qui est aussi le deuxième où il y a eu le plus d'apparitions mariales officielles. Et des germes d'espérance, j'en vois de merveilleux.
La France est à la sainte Vierge: elle veille sur nous.
Le royaume du Christ est à son image: persécuté sans cesse, il ressuscite sans cesse.

jeudi 30 octobre 2014

Sur la communion, notamment des divorcés remariés...

Suite à la lecture d'un texte qui m'a ému (ici), je voulais écrire un coup.
Plutôt que de recopier le commentaire que j'ai fait directement sur le site, je voudrais simplement reprendre rapidement la doctrine de l'Eglise en matière d'accès à la communion, et d'interdiction.
Pour communier, il faut classiquement être baptisé, croire que dans l'hostie il y a le corps, le sang, l'âme et la divinité de Jésus réunis, et être en état de grâce, c'est à dire ne pas être en état de péché mortel. L'article 1385 du catéchisme de l'Eglise catholique (CEC) l'indique, en écho à saint Paul (1 Co 11, 27-29).
C'est ce dernier point qui mérite d'être développé.
Les articles 1854 et suivants du CEC sont très clairs, mais utilisons des mots plus courants.
Pour commettre un péché, il faut soit faire quelque de mal (la matière), soit faire quelque chose pour faire le mal (la volonté), soit faire quelque chose qui dans ces circonstances entraîne le mal (contexte).
Si la matière du péché est grave, que la personne qui le commet sache qu'elle fait un mal et qu'elle le choisisse librement. La gravité dépend du contexte et de la qualité de ceux qui sont concernés: faire le mal à un proche est plus grave que de faire un mal identique à un inconnu, à cause de nos devoirs envers ce proche qui sont plus grands, par exemple.
Une personne qui commet donc volontairement un mal qu'il sait mal, et que ce mal est grave, alors elle se coupe de Dieu, lui dit non, et le chasse de l'âme: le pécheur se coupe de Dieu, perd se lien qui l'unissait à Dieu et la vie de Dieu dans son âme.
Persister dans cette état conduit tout droit à l'enfer.
Pour retrouver l'amitié de Dieu, il faut se confesser (il existe quelques exceptions que je ne développerai pas ici) et retrouver un état de vie qui convienne à un ami de Dieu. Ainsi, un débauché qui persiste dans sa débauche, un ivrogne qui persiste dans ses saouleries, ou une personne qui persisterait à se masturber restent dans des états de vie qui offensent gravement Dieu et se coupent d'eux-mêmes de Dieu.
Séparés de Dieu, ils ne peuvent communier à l'Eucharistie.
Retrouver le sens du péché, et plus spécifiquement celui du péché mortel, voilà qui aiderait bien des âmes à rejeter vigoureusement le mal et à chercher la conversion.
Des personnes qui sont clairement dans des états de vie qui ne conviennent pas ne doivent pas communier. Ainsi des politiciens en faveur de l'avortement, ou des divorcés remariés: leur état de vie les coupe de l'union à Dieu.
Et pour toucher un peu plus longuement de la question des divorcés remariés: si le premier mariage est valide, c'est à dire que toutes les conditions sont réunies (CEC 1625-1632):
1) Il doit y avoir un échange libre des consentements (sans contrainte, et possible selon la loi).
2) Il ne doit pas y avoir de violence ou de crainte grave externe.
3) Il doit y avoir acceptation de tous les éléments et propriétés essentiels du mariage (Code de droit canonique, 1101).
Parmi ces propriétés et éléments essentiels, on peut citer de façon exhaustif l'indissolubilité, la fidélité, l'unité, la procréation, l'ouverture à la vie. Par exemple, deux personnes qui voudraient se marier et échangent les consentements, mais au moins l'un des deux ne veut pas d'enfants et se ferme à la vie, alors le mariage n'est pas valide et n'a jamais existé. Annuler le mariage, c'est reconnaître qu'il n'a jamais existé. C'est différent d'un divorce. Une personne qui se marie après un mariage non valide, ce n'est pas une personne divorcée-remariée: c'est juste une personne mariée, quoiqu'elle ait partagé sa vie pendant un temps avec une personne avec qui elle n'était pas mariée.
Faciliter les procédures de mise en nullité du mariage, ce n'est donc pas favoriser des divorces, mais prendre après coup la mesure que le mariage n'était pas valide. Prendre de l'avance, c'est favoriser une meilleure préparation au mariage de ceux qui se prépare pour qu'il se marie réellement en contractant un mariage valide, ce qui est ce qu'il y a de mieux pour eux.
En revanche, quelqu'un qui s'est marié, se sépare de son conjoint et se marie civilement avec une autre personne alors que son époux/épouse est encore en vie, celle-ci est reconnue d'adultère.
Elle est dans un état de vie qui pèche gravement contre son devoir de fidélité et d'unité avec son époux/épouse légitime et ne doit donc pas communier.
Une personne dans cette situation-là est dans une situation douloureuse, et Dieu n'abandonne jamais ceux qui le cherchent. Quoiqu'ils ne puissent pas communier, ils peuvent le vouloir et rechercher à revenir vers Dieu. Dieu seul sonde les reins et les coeurs... et "vouloir aimer, c'est déjà aimer" (Bienheureux Charles de Foucauld).
C'est Dieu qui a le dernier mot et qui jugera chacun, ce n'est pas à nous de le faire. Mais c'est notre devoir d'annoncer la vérité et d'empêcher ceux qui pêchent de pécher davantage et donc de se séparer plus surement et plus fortement de Dieu.

mardi 7 octobre 2014

Le Jésus de l'historien

Qui est Jésus?
Quand j'entends ça, j'ai toujours en tête la réponse de saint Pierre, "vous êtes le Christ" (Mc 8,29) et encore mieux "Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Mt 16,16). Mais bien sûr, un historien ne peut pas juste prendre la phrase comme ça et l'accepter... mais d'abord commencer par le début, à savoir, Jésus a-t-il existé?
On a pas mal de moyens pour affirmer que oui. Les auteurs romains Tacite (55-120) et Suétone (70-130) font clairement référence aux premiers chrétiens, et donc à ce que l'on dit d'eux à l'époque, soit qu'ils étaient disciple de Jésus, dit le Christ. Flavius Josèphe (37-100) parle de Jésus de façon plutôt péjorative, en disant de lui qu'il était un "homme sage, faiseur de prodiges" mais en voyant surtout en lui quelqu'un qui faisait croire aux juifs à autre chose que ce à quoi lui croit. A partir de ces sources non chrétiennes, Jésus a bel et bien existé.
A partir du Nouveau Testament, on a plein d'éléments pour le connaître. Par exemple, dans le passage avec la samaritaine, au puits de Jacob, Jésus se repose alors qu'il est midi (la sixième heure du jour) et demande à boire. Il est fatigué comme tout le monde. Il a faim aussi, dans le désert, au moment des tentations (Mt 4). Il mange souvent d'ailleurs! A la Pâque, aux noces de Cana, avec la multiplication des poissons et du pain, chez les publicains... il passe tellement de temps à table que les pharisiens trouve qu'il en est glouton! Il éprouve aussi de nombreux sentiments bien humains comme la joie (Lc 10,21) lorsqu'il parle de ceux que comprennent les petits enfants mais non pas les sages et les prudents, ou l'amour avec le passage du jeune homme riche (Mc 10,21) qui respecte tous les commandements, ou encore la profonde tristesse lorsqu'il apprend la mort de Lazare (Jn 11,33) et qu'il frémit. Humain, il l'est aussi à travers les tentations qu'il reçoit au désert, l'éducation que lui donne sa mère tandis qu'il est enfant, le travail qu'il pratique en prenant la relève de son père (et jusqu'à l'âge de 30 ans), les souffrances terribles lors de sa passion... ou encore ce fameux passage où il chasse les vendeurs du temple en étant animé d'une sainte colère.
Là où l'historien nous offre quelque chose d'intéressant, c'est en mettant en relief ce que Jésus dit de lui-même. Là où beaucoup de baptiseurs (comme Jean le Baptiste) appellent à la conversion à cette époque, Jésus va bien plus loin dans ce qu'il annonce, mais différemment des zélotes qui attendent un Messie guerrier, et plusieurs se lèveront pour mener des révoltes contre Rome. On peut penser que Barrabbas (Bar-Abbas, le fils du père), le coupable relâché à la place de Jésus le Vendredi de sa mort, était un de ceux-ci. En tout cas, son nom laisse à le penser. Jésus centre son enseignement sur lui, tout en appelant certes à la conversion, mais en ramenant sans cesse à lui et à Dieu dans un même mouvement: "Je suis le pain de vie" (Jn 6,35), "celui qui boit de cette eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif" (Jn 4,13), "Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie", "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai", (Mt 11,28) "Je suis la résurrection et la vie:celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra" (Jn 11,25) et enfin: "Celui qui m'a vu, a vu aussi le Père" (Jn 14, 9). Cette façon de rapporter à soi les caractéristiques de Dieu est tout de même assez fascinant...
Dans la même veine, il affirme qu'il peut pardonner les péchés, parle de lui en se désignant comme le fils de l'homme mais dit que celui-ci viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui. Mais en même temps, il dit qu'il est le Messie, le Fils de Dieu, parle de lui en s'attribuant le nom de Dieu (Je suis, nom de Dieu donné à Moïse au buisson ardent), accepte un titre comme "Mon Seigneur et mon Dieu" (Jn 10,33) après la résurrection, ailleurs les juifs lui disent qu'il se fait Dieu (Jn 10,33) et affirme que c'est vrai. Bref, c'est très fort! Suffisamment pour ne pas nous laisser la possibilité de croire que Jésus était juste un sage, mais bien soit vraiment Dieu, soit un vrai fou et imposteur. Son discours ne laisse pas les gens indifférents: il va jusqu'à dire: qui mange ma chair et boit mon sang aura la vie éternelle. Et évidemment, ça choque tout le monde!
Son enseignement est original, mais sa forme est très classique: il s'adresse en paraboles, ce que faisait déjà avec brio le roi Salomon. C'est dans la plus pure tradition juive. Et lorsqu'on lui pose une question, il pose souvent une autre question, ou raconte une histoire: la plus pure tradition rabbinique. Il centre son enseignement sur le bonheur, obtenu par l'amour de Dieu et des hommes. Les béatitudes dans le discours sur la montagne sont un concentré de ce qu'on doit faire pour être heureux (et bien être, il n'y a rien à avoir). Il guérit abondamment, est reconnu pour ses nombreux miracles et ses exorcismes. Sa vie coïncide avec la réalisation de nombreuses prophéties de l'Ancien Testament, comme le psaume 22 qui fait étonnamment écho à la Passion, et Jésus l'entonne tandis qu'il pend sur la croix (chanter les psaumes au moment du trépas est toujours la plus pure tradition juive). Un psaume en deux parties, une de souffrance et une d'espoir.
Si l'historien ne peut pas tout prendre au pied de la lettre, il sait que c'est ce qu'on dit de Jésus, et qu'il est très différent de n'importe quel autre personne de l'époque.
Après sa mort, il disparaît aussi du tombeau et apparaît vivant à plus de 10 occasions différentes, à plus de 500 personnes réunies en même temps, pendant 40 jours. Et tandis que ces enseignements semblaient voués à disparaître avec sa mort, des générations de chrétiens sont morts au nom de la croyance en la résurrection de Jésus. A commencer par les apôtres qui se sont tous fait trucider d'une façon ou d'une autre.
Après, on peut croire ce qu'on veut, hein!
Mais il y a la matière à penser. Et étant donné ce que Jésus dit de lui-même, on peut affirmer sans mal que ce n'est pas juste un homme sage, un prophète, ou un rabbin... mais bien plus que cela, ou en tout cas, bien autre chose!

samedi 27 septembre 2014

Le christianisme: religion fausse, ennuyeuse, dépassée?

J'ai assisté récemment à une séance des parcours alpha.
Je n'en attendais pas forcément grand chose, et j'y suis venu avec une bonne heure de retard, donc je suis évidemment plutôt en tort. Mais il y a eu un petit speech sur le sujet de la soirée, auquel d'ailleurs, on n'a pas vraiment eu le temps de réagir, à croire qu'il aurait fallu en discuter avant de l'entendre.
Ceci étant dit, le thème, comme le titre de ce billet se nomme, était le suivant: le christianisme, religion fausse, ennuyeuse, dépassée.
Autant aller droit au but, pour moi, le christianisme est passionnant et toujours d'actualité car perpétuellement vrai. C'est stimulant à bien des égards et certains pays font montre d'une grande vitalité en accroissement du nombre de catholique. Par exemple, la Corée du Sud est passée d'un peu plus de 4 millions de catholiques à plus de 5.3 millions entre 2000 et 2011, soit 100.000 nouveaux catholiques par an, et le nombre de prêtres est passée de 2850 à 4400 sur la même période (soit 140 par an) . Ca, c'est une Eglise jeune et dynamique, dans un pays qui se porte économiquement bien et qui est à la pointe de la technologie. Loin de notre pauvre France. De même, aux Etats-Unis, le nombre de prêtres connait un renouveau avec 467 ordinations pour l'année 2011, à comparer à celles en France pour la même date qui s'élevait à 109 (pour une moyenne de 93 par an sur les 10 dernières années...) Dans la même catégorie, le nombre de catholiques dans le monde avait augmenté de 1.15% entre 2011 et 2012 contre une augmentation de la population mondiale de 1.10%. L'Eglise continue donc d'attirer avec 1,220 milliards de membres. Et encore, je n'ai fait référence qu'au seul catholicisme, le christianisme regroupant en plus les orthodoxes avec 280 millions de membres, les protestants avec 440 millions de membres et les autres, pour un total de 2.265 milliards de chrétiens soit 33% des 7,2 milliards d'habitants sur terre au milieu de l'année 2014.
Bref, le Christianisme est on ne peut plus d'actualité.
Ennuyeuse? C'est sûr que parler de religion, ce n'est pas toujours facile, mais il y a plein de sujets où les positions tenues par l'Eglise sont hyper intéressantes et à contre courant de la doxa habituelle. Et soutenues par des arguments de choc, faisant souvent appel au bon sens, au bien commun, à des notions qu'on a oublié mais qui sont plus que jamais d'actualité. Si la doctrine sociale de l'Eglise peut être difficile à lire sous la forme du compendium écrit par Jean Paul II, les développements de celle-ci et sa découverte font apparaître de véritables merveilles et des éléments très étonnants, et par le fait même passionnants! Mais ce sont des éléments certes intéressants mais périphériques par rapport au coeur du message du christianisme qui, pour peu qu'on s' intéresse, fait écho aux dimensions les plus profondes de l'homme. En fait, les niveaux de réflexion sur tous les sujets est souvent marqué d'une véritable expertise qui rend leur découverte extrêmement enrichissante.
Quand à la possibilité que la religion soit fausse, je ne vais pas le développer ici, mais qu'une dizaine de personnes ayant suivi Jésus aille proclamer son message alors que celui-ci en est mort, qu'ils en meurent eux-mêmes et que leurs disciples se fassent également massivement zigouiller, avec un nombre croissant de martyrs au fil des siècles pour atteindre de véritables sommets au XXe siècle et que malgré tous ces morts, les gens continuent de se convertir, c'est quand même qu'il y a un truc.

Mais de tout ça, on a pas parlé ce soir-là.
Non, ce que j'ai vu, c'est une église vieille, ennuyeuse, et dépassée. Avec des personnes qui semblent enfermées dans des problématiques vieilles de 60 ans et attendant du synode sur la famille un changement de doctrine comme l'attendaient les personnes pour Vatican II. Vu l'âge de ces personnes, si elles n'y étaient pas, c'étaient leur parents, mais en tout cas, ce sont des problématiques qui touchent beaucoup moins les générations d'en dessous.
Il me semble que ces personnes auraient tant à gagner à juste se renseigner sur ce que disent les textes écrits par les papes sur ces thèmes... ce serait déjà une sacrée avancée par rapport à la référence fréquente à un certain esprit de ces textes...
J'y ai vu bien peu de jeunes. Mais j'en ai vu. C'est pourquoi je reviendrai, pour sûr. Car ce sont eux qui forment l'Eglise d'aujourd'hui, et qui élèvent ou élèveront bientôt l'Eglise de demain et qui transmettent pour beaucoup déjà la Foi d'une façon ou d'une autre à leur cadets.
Bref, on en reparlera.

jeudi 7 août 2014

De la sagesse

Et voilà! Le dernier de la série!
Aujourd'hui, sûrement le premier et le plus important de tous les serviteurs du bonheur: la sagesse!
La sagesse... Rien que dans la bible, il y a un livre qui s'appelle le livre de la sagesse. C'est aussi le don que demandait Salomon à Dieu lorsque celui-ci lui proposait tout ce qu'il pourrait vouloir.
La sagesse est d'abord le fruit de la connaissance et de l'expérience. Le sage est souvent représenté comme un vieil homme, plein d'expérience et de recul.
La philosophie en grec veut dire l'amour de la sagesse. La philosophie a beaucoup évolué depuis, mais ceux qui veulent philosopher cherchent la vérité, une certaine connaissance du monde à travers la réponse à la question: pourquoi? Enfin, de façon ultime...
Dans les sociétés où la vie est en permanence en danger, ceux qui vieillissent sont les seuls qui survivent parmi les nombreux qui périssent. Ils sont respectés car contrairement aux autres, ils ont réussi à s'en tirer jusque-là. Dans les conditions extrêmes, le respect pour les aînés est extrêmement marqué. A l'inverse, dans une société où il y a un sentiment de paix prononcé, où l'espérance de vie s'allonge et où la mort s'éloigne, on fait moins attention à ces personnes sensées être les détentrices de la sagesse.
La sagesse, fruit de la connaissance et de l'expérience, donne à voir d'une façon particulière le monde. Une vieille histoire sur les sages raconte que lorsque le sage pointe du doigt la lune, le fou regarde le doigt du sage. Ce regard développé permet de voir en chaque situation ce qui compte le plus.
Par exemple, il y a des choses qu'on ne peut pas changer. La sagesse nous donne de comprendre qu'il n'y a juste rien à faire, si ce n'est accepter la situation telle qu'elle est. A contrario, il y a des choses qu'on peut changer, avec du courage. La sagesse nous fait comprendre qu'il est possible d'agir.
Le sage n'a pas une réponse à tout et à n'importe quoi. Le sage a une certaine approche du monde, un certain rapport.
Et il y a donc plusieurs sagesses et plusieurs écoles de sagesse, mais nous ne nous intéresserons qu'à une seule, la seule qui compte vraiment: la sagesse du bonheur.
A quoi me servirait d'avoir toutes les sagesses du monde si ce n'est celle du bonheur et de passer à côté de celui-ci? Rien. Pire, cela me conduirait à ma perte, puisque je passerais à côté du bonheur.
La sagesse est en définitive le plus important serviteur du bonheur puisqu'il nous donne les caractéristiques du bonheur: le regard du bonheur, la façon d'être heureux, la vie du bonheur.
Tous les vieux ne sont pas sages, mais ceux qui ont la connaissance, l'expérience du bonheur, et qui après une vie bien remplie, meurent le sourire aux lèvres, heureux... voilà les vrais sages que l'on devrait tous suivre. Voilà nos modèles, ceux qui finissent le cours de leur vie l'âme en paix avec eux-même et leur entourage. Ils sont les vrais amis du bonheur.
La sagesse est ultimement le plus proche, le plus fidèle et le plus sûr serviteur du bonheur, et nul n'est plus prêt au bonheur et plus prêt du bonheur que celui qui a la sagesse du bonheur à travers la réception de cette sagesse comme cadeau venu du bonheur, fruit de l'expérience et de la connaissance du bonheur.
Si l'on veut être heureux, il faut être sage. Un sage du bonheur.

mercredi 30 juillet 2014

De l'intelligence

On en dit tout et son contraire, cette fois-ci, je voudrais vous présenter...
... un fidèle serviteur du bonheur: l'intelligence!
O hommes sans intelligence...
Voila bien souvent ce que nous sommes.
Car qu'est-ce que l'intelligence? C'est ce qui relie, ce qui nous relie. Une des facultés les plus nobles et supérieures de l'homme. Elle est bien distincte de l'intuition et de l'instinct, que nous avons de commun avec les animaux. Elle est ce qui fait qu'un homme est homme, et si un animal autre qu'homo sapiens en était doté, il faudrait le considérer comme être humain, semblable.
L'intelligence, donc, est ce qui nous permet de relier l'immatériel avec l'immatériel, les idées entre elles, idées d'abord perçues dans le monde sensible. Les connaissances acquises, avec les ensembles de choses que l'on croit, vont nous permettre de généraliser en reliant des idées entre elles et augmenter de façon considérable nos capacités.
En comprenant, on pénètre dans l'essence même des choses, on arrive au coeur même des règles du monde. L'intelligence nous donne d'aller au-delà de l'aspect extérieur des choses pour rentrer vraiment dedans.
Un exemple tout bête: il existe des millions de types de chaises différentes, de toutes dimensions, couleurs, formes... mais ce sont toujours des chaises, même si on ne s'en rend pas tout de suite compte. Ce qui reste lorsque notre esprit enlève tous ces éléments qui ne font pas d'une chaise une chaise, mais qui sont juste des caractéristiques secondaires, c'est l'essence de la chaise. Un type particulier de meuble, un siège pour une personne (contrairement aux sofa et banc) avec dossier (contrairement au tabouret), avec un piètement (les pieds), une assise (où on s'assoit) et un dossier. Voilà, ça, c'est l'essence de la chaise, et tout ce qui répond à cette définition, compréhensible par l'intelligence et réalisée, fournie par l'intelligence, est une chaise. On n'a plus accès à des chaises, mais ce qu'est la chaise.
L'intelligence entre dans les définitions, mais aussi beaucoup d'autres dimensions. Elle cherche ce qu'il y a de plus important. Ce qui est suffisant et nécessaire, mais aussi ce qu'il y a de plus efficace, de plus adapté.
Pénétrer la complexité de problèmes logiques ou mathématiques et par extension la complexité de la structure du monde... Comprendre les structures de langages pour manier la parole comme un grand orateur... Réussir à nous comprendre nous-mêmes... Ou à deviner les réactions des autres... Manipuler des images, des formes dans sa tête... Classer des objets dans des catégories... Evaluer les sons et goûter la magie de la musique dans sa réalisation... Perfectionner l'art du toucher, du déplacement d'objets avec précision... Questionner l'existence des choses...
Et pourquoi pas d'autres... à chaque fois, aller au-delà du sentiment, des sens externes, et relier les éléments, les idées pour se rapprocher de la vérité des choses.
Mais bien sûr, ce qui nous intéresse le plus, ici, c'est l'intelligence du bonheur. Cette intelligence qui nous aide, quand on en est pourvue, qu'on la développe, qu'on la travaille, qu'elle grandit (comme n'importe quelle forme d'intelligence) à mieux saisir ce qu'est le bonheur et comment l'atteindre.
Scruter les profondeurs du bonheur et comprendre comment il se déploie dans notre vie.
Parce que l'intelligence fait un aller retour: en réussissant à généraliser ce qui rend heureux, on arrive à déterminer ce qui nous rend heureux ou peut nous rendre heureux dans notre vie.
C'est ainsi que l'intelligence est un serviteur précieux du bonheur: il fait le messager, le va-et-vient entre le bonheur et nous.
Développer l'intelligence du bonheur, c'est nous aider à distinguer les meilleurs choix pour être heureux.