mardi 4 novembre 2014

Du sens des priorités

Savoir ce qui est important et ce qui l'est moins, voila bien un signe d'intelligence.
Et il est de coutume dans les débats de considérer sa position comme plus importante que celle de l'autre, mieux appropriée, plus adaptée.
Sans savoir ce qu'il en est vraiment sur un point particulier, je m'interroge tout de même. Ici rentre la prudence...
J'ai déjà parlé des fins dernières. Et il me semble important d'être exhaustif, même si c'est fait de façon brève, sur la question. En tout cas, de ne pas tronquer toute une partie de la question. Et au détour de la fête des défunts du 2 Novembre, on entend beaucoup parler d'espérance et de miséricorde, de paradis, de défunts heureux qui nous attendent là-haut... et il faut en parler.
Ne parler que de ça si on en touche juste un mot, c'est peut-être aller vite sur l'essentiel et un appel à creuser la question, mais en lisant à droite à gauche, j'ai souvent le sentiment qu'on voudrait résumer le message à juste ça et ne pas voir le reste.
Un public non chrétien par exemple à qui on fait découvrir le paradis, c'est présenter ce qu'il y a de plus important, puisque c'est ce vers quoi on tend, notre essentiel, notre but véritable quand on est croyant: ce bonheur qui nous est promis.
La promesse de la résurrection et du ciel, c'est le coeur de notre foi, bien sûr.
Mais ne parler que de ça, sans mentionner qu'on ne va pas tous au paradis et que beaucoup certainement doivent d'abord passer par une purification (comme l'or passé au feu qu'on fond et refond pour en enlever les impuretés, ou les draps lavés et relavés jusqu'à ce que les tâches disparaissent définitivement), ça me semble boiteux.
Je récidive et je me répète, je me trompe peut-être et peut-être qu'il faut d'abord ne parler que de paradis. Ca dépend des circonstances et du public qu'on vise, et la façon dont on traite la question. Mais ne jamais parler dans ces périodes-là d'enfer et de purgatoire, c'est le risque qu'on arrête de prier pour ceux qui ont tant besoin de nos prières (au purgatoire) et à qui on le doit par devoir de justice; et le risque que des personnes menant une vie de désordre la poursuive et se jette tout droit en enfer, et à qui on doit annoncer la vérité, par devoir de charité (et non pour jeter des anathèmes).
Sans aller jusqu'à un exposé sur l'enfer pour attirer les gens au ciel (ce qui est prendre la question à l'envers et serait surement contre-productif), mentionner son existence me parait important. Lire le passé permet de regarder l'avenir et de rectifier le tir de notre destin en changeant nos comportements du présent. On ne devient pas heureux automatiquement.
D'abord parler du ciel, bien sûr. Ce bonheur qui nous attend est prioritaire, mais il ne saurait nous empêcher de parler du reste. Dire qu'on va vers le bonheur sans dire qu'on peut en être privé dans certaines conditions? Je ne pense pas que cela soit prudent, mais je me trompe peut-être. C'est bien parce qu'il est si facile de passer à côté du bonheur qu'il faut dire que celui-ci existe et dans un même mouvement qu'on risque de passer à côté. Peut-être que je changerai d'avis sur la méthode avec le temps... C'est l'art et la manière, ça s'apprend...
Ce qui est sûr, c'est que l'essentiel, c'est le bonheur éternel. Le seul essentiel, c'est le ciel.

dimanche 2 novembre 2014

Courte histoire de France à travers ses saints...

Parfois, je me demande vraiment pourquoi les gens n'étudient pas plus l'histoire... ^^ Enfin, l'histoire en profondeur, sur plusieurs siècles...
La France, fille aînée de l'Eglise, bien des fois apostates, et ayant renié de multiples fois les promesses de son baptême, s'est sortie bien des fois de situations qui paraissaient plus tragiques qu'aujourd'hui...
Entre les grandes hérésies, les luttes intestines, les guerres de religions, les schismes liés au gallicanisme, des antipapes français à Avignon, les persécutions de la révolution, les différents mouvements politiques laïques violemment anti-catholique et anticléricaux, les lois contre les religieux dont l'apogée arrive avec l'expulsion des ordres hors de France en 1905... l'histoire de la France catholique n'est pas une longue période de gloire cathédralesque précédent un terrible XXe sicèle apostat menant à un XXIe siècle sans espoir...
En réalité, malgré des curés de campagne sous-instruits, malgré des chanoines ignorant tout de la situation des pauvres confiés à leurs soins, malgré des nominations par les politiques d'évêques et autres responsables religieux... malgré tout ça, la France a gardé son identité catholique et est revenu à sa foi bien des fois...
Oui, la France, comme royaume hier et comme état aujourd'hui, est une terre de bien des pays... une terre dont émerge régulièrement des saints qui bouleversent la destinée de notre pays. Petit exposé:
A Lyon au deuxième siècle, capitale des Gaules, sainte Blandine est jetée aux lions avec plusieurs dizaines d'autres chrétiens. De cette terre jaillira une moisson abondante pour l'Eglise.
A Paris au troisième siècle, saint Denis est le premier évêque et meurt décapité: il est le saint patron du diocèse de notre capitale qui connaîtra son lot de grands saints.
A Poitiers, au quatrième siècle, saint Hilaire devient évêque et lutte contre l'arianisme qui fait des ravages et sera nommé docteur de l'Eglise. Le premier d'une liste d'évêque qui compte bien des saints...
Toujours au quatrième siècle, on a le hongrois saint Martin qui fonde le premier monastère français. Il est célèbre pour avoir donné la moitié de son manteau à un pauvre.
Au cinquième, on a sainte Quitterie qui meurt tuée par son père car elle refuse d'être mariée de force. Elle aura bien plus apporté à la cause des femmes en France que nos féministes d'aujourd'hui! Saint Céline et sainte Geneviève sont de la même époque!
Fin sixième début septième, saint Eloi fonde des hospices, hôpitaux, monastères...
Au neuvième, sainte Solange meurt pour garder sa pureté. Son culte est très populaire du côté de Bourges.
Fin dixième début onzième, saint Odilon répand le culte de Notre Dame dans les monastères et institue la fête de la commémoration des morts le 2 Novembre. Un de ces grands abbés de Cluny.
Au douzième, saint Bernard, docteur de l'Eglise, réforme l'ordre des bénédictins qui n'était plus trop ça. Il fonde l'abbaye de Clairvaux, apaise les querelles entre rois et seigneurs, maintient l'unité de l'Eglise qui était sérieusement mise à mal...
Même époque, saint Dominique, espagnol, introduit en France la dévotion au rosaire, convertit les cathares en région narbonnaise et toulousaine, fonde l'ordre des frères prêcheurs, des intellectuels, dont sortiront entre autres saint Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin... Et les cathares, c'était pas super catho... (en Italie, c'est l'époque de saint François d'Assise, qui embrasse aussi la vie de pauvreté...)
Treizième, saint Louis bien sûr! Le roi chrétien par excellence. L'époque des cathédrales. La sainte Chapelle et la Sorbonne. Il laisse la France en paix et prospérité.
Au seizième, sainte Germaine est un modèle de sainteté cachée. Dans la région de Toulouse, son culte est immense: le lieu où elle est morte est la destination de nombreux pèlerinage sans arrêt depuis cinq siècles...
Même époque, saint François de Sales, qui fonde l'ordre de la visitation et écrit l'introduction à la vie dévote et le traité de l'amour de Dieu. Combien de convertis et de sanctifiés grâce à lui? "A chacun son chemin de sainteté", pour résumer son enseignement en une phrase.
Dix-septième, saint François Régis, jésuite, attire les foules, catéchise, évangélise... Encore une fois, son tombeau est un lieu de pèlerinage très fréquenté.
Début dix-huitième, saint Louis Marie-Grignon de Montfort fait tout pour Jésus par Marie. La Vendée est littéralement convertie par lui. Ses apports pour l'Eglise sont immenses. Sa devise est reprise par saint Jean Paul II "Totus tuus": Tout à toi (Jésus, par Marie).
Au dix-neuvième, alors que la foi avait péréclité, on assiste à un formidable renouveau, tant et si bien qu'à travers le monde, la moitié des missionnaires sont français. Saint Pierre Chanel dans les îles près de Nouvelle Calédonie, par exemple. Et le saint curé d'Ars en France, qui part de trois paroissiens au début de son ministère à attirer les foules à la fin de sa vie. Et on doit à sainte Catherine Labouré la médaille miraculeuse. A sainte Bernadette Soubirous Lourdes. Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, docteur de l'Eglise, et responsable d'un nombre immense de conversions...
Au vingtième siècle, on compte encore le bienheureux Charles de Foucauld, Marthe Robin, une foule immense de martyrs lors de la deuxième guerre mondiale tués parce que prêtres ou même plus simplement catholique...
La Foi est ébranlée en France? Ce n'est pas la première fois! Et ce n'est peut-être pas la dernière. Mais à chaque fois, des saints brûlants de l'amour de Dieu ont jailli. Ces amis de Dieu ont converti notre beau pays qui est aussi le deuxième où il y a eu le plus d'apparitions mariales officielles. Et des germes d'espérance, j'en vois de merveilleux.
La France est à la sainte Vierge: elle veille sur nous.
Le royaume du Christ est à son image: persécuté sans cesse, il ressuscite sans cesse.

jeudi 30 octobre 2014

Sur la communion, notamment des divorcés remariés...

Suite à la lecture d'un texte qui m'a ému (ici), je voulais écrire un coup.
Plutôt que de recopier le commentaire que j'ai fait directement sur le site, je voudrais simplement reprendre rapidement la doctrine de l'Eglise en matière d'accès à la communion, et d'interdiction.
Pour communier, il faut classiquement être baptisé, croire que dans l'hostie il y a le corps, le sang, l'âme et la divinité de Jésus réunis, et être en état de grâce, c'est à dire ne pas être en état de péché mortel. L'article 1385 du catéchisme de l'Eglise catholique (CEC) l'indique, en écho à saint Paul (1 Co 11, 27-29).
C'est ce dernier point qui mérite d'être développé.
Les articles 1854 et suivants du CEC sont très clairs, mais utilisons des mots plus courants.
Pour commettre un péché, il faut soit faire quelque de mal (la matière), soit faire quelque chose pour faire le mal (la volonté), soit faire quelque chose qui dans ces circonstances entraîne le mal (contexte).
Si la matière du péché est grave, que la personne qui le commet sache qu'elle fait un mal et qu'elle le choisisse librement. La gravité dépend du contexte et de la qualité de ceux qui sont concernés: faire le mal à un proche est plus grave que de faire un mal identique à un inconnu, à cause de nos devoirs envers ce proche qui sont plus grands, par exemple.
Une personne qui commet donc volontairement un mal qu'il sait mal, et que ce mal est grave, alors elle se coupe de Dieu, lui dit non, et le chasse de l'âme: le pécheur se coupe de Dieu, perd se lien qui l'unissait à Dieu et la vie de Dieu dans son âme.
Persister dans cette état conduit tout droit à l'enfer.
Pour retrouver l'amitié de Dieu, il faut se confesser (il existe quelques exceptions que je ne développerai pas ici) et retrouver un état de vie qui convienne à un ami de Dieu. Ainsi, un débauché qui persiste dans sa débauche, un ivrogne qui persiste dans ses saouleries, ou une personne qui persisterait à se masturber restent dans des états de vie qui offensent gravement Dieu et se coupent d'eux-mêmes de Dieu.
Séparés de Dieu, ils ne peuvent communier à l'Eucharistie.
Retrouver le sens du péché, et plus spécifiquement celui du péché mortel, voilà qui aiderait bien des âmes à rejeter vigoureusement le mal et à chercher la conversion.
Des personnes qui sont clairement dans des états de vie qui ne conviennent pas ne doivent pas communier. Ainsi des politiciens en faveur de l'avortement, ou des divorcés remariés: leur état de vie les coupe de l'union à Dieu.
Et pour toucher un peu plus longuement de la question des divorcés remariés: si le premier mariage est valide, c'est à dire que toutes les conditions sont réunies (CEC 1625-1632):
1) Il doit y avoir un échange libre des consentements (sans contrainte, et possible selon la loi).
2) Il ne doit pas y avoir de violence ou de crainte grave externe.
3) Il doit y avoir acceptation de tous les éléments et propriétés essentiels du mariage (Code de droit canonique, 1101).
Parmi ces propriétés et éléments essentiels, on peut citer de façon exhaustif l'indissolubilité, la fidélité, l'unité, la procréation, l'ouverture à la vie. Par exemple, deux personnes qui voudraient se marier et échangent les consentements, mais au moins l'un des deux ne veut pas d'enfants et se ferme à la vie, alors le mariage n'est pas valide et n'a jamais existé. Annuler le mariage, c'est reconnaître qu'il n'a jamais existé. C'est différent d'un divorce. Une personne qui se marie après un mariage non valide, ce n'est pas une personne divorcée-remariée: c'est juste une personne mariée, quoiqu'elle ait partagé sa vie pendant un temps avec une personne avec qui elle n'était pas mariée.
Faciliter les procédures de mise en nullité du mariage, ce n'est donc pas favoriser des divorces, mais prendre après coup la mesure que le mariage n'était pas valide. Prendre de l'avance, c'est favoriser une meilleure préparation au mariage de ceux qui se prépare pour qu'il se marie réellement en contractant un mariage valide, ce qui est ce qu'il y a de mieux pour eux.
En revanche, quelqu'un qui s'est marié, se sépare de son conjoint et se marie civilement avec une autre personne alors que son époux/épouse est encore en vie, celle-ci est reconnue d'adultère.
Elle est dans un état de vie qui pèche gravement contre son devoir de fidélité et d'unité avec son époux/épouse légitime et ne doit donc pas communier.
Une personne dans cette situation-là est dans une situation douloureuse, et Dieu n'abandonne jamais ceux qui le cherchent. Quoiqu'ils ne puissent pas communier, ils peuvent le vouloir et rechercher à revenir vers Dieu. Dieu seul sonde les reins et les coeurs... et "vouloir aimer, c'est déjà aimer" (Bienheureux Charles de Foucauld).
C'est Dieu qui a le dernier mot et qui jugera chacun, ce n'est pas à nous de le faire. Mais c'est notre devoir d'annoncer la vérité et d'empêcher ceux qui pêchent de pécher davantage et donc de se séparer plus surement et plus fortement de Dieu.

mardi 7 octobre 2014

Le Jésus de l'historien

Qui est Jésus?
Quand j'entends ça, j'ai toujours en tête la réponse de saint Pierre, "vous êtes le Christ" (Mc 8,29) et encore mieux "Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Mt 16,16). Mais bien sûr, un historien ne peut pas juste prendre la phrase comme ça et l'accepter... mais d'abord commencer par le début, à savoir, Jésus a-t-il existé?
On a pas mal de moyens pour affirmer que oui. Les auteurs romains Tacite (55-120) et Suétone (70-130) font clairement référence aux premiers chrétiens, et donc à ce que l'on dit d'eux à l'époque, soit qu'ils étaient disciple de Jésus, dit le Christ. Flavius Josèphe (37-100) parle de Jésus de façon plutôt péjorative, en disant de lui qu'il était un "homme sage, faiseur de prodiges" mais en voyant surtout en lui quelqu'un qui faisait croire aux juifs à autre chose que ce à quoi lui croit. A partir de ces sources non chrétiennes, Jésus a bel et bien existé.
A partir du Nouveau Testament, on a plein d'éléments pour le connaître. Par exemple, dans le passage avec la samaritaine, au puits de Jacob, Jésus se repose alors qu'il est midi (la sixième heure du jour) et demande à boire. Il est fatigué comme tout le monde. Il a faim aussi, dans le désert, au moment des tentations (Mt 4). Il mange souvent d'ailleurs! A la Pâque, aux noces de Cana, avec la multiplication des poissons et du pain, chez les publicains... il passe tellement de temps à table que les pharisiens trouve qu'il en est glouton! Il éprouve aussi de nombreux sentiments bien humains comme la joie (Lc 10,21) lorsqu'il parle de ceux que comprennent les petits enfants mais non pas les sages et les prudents, ou l'amour avec le passage du jeune homme riche (Mc 10,21) qui respecte tous les commandements, ou encore la profonde tristesse lorsqu'il apprend la mort de Lazare (Jn 11,33) et qu'il frémit. Humain, il l'est aussi à travers les tentations qu'il reçoit au désert, l'éducation que lui donne sa mère tandis qu'il est enfant, le travail qu'il pratique en prenant la relève de son père (et jusqu'à l'âge de 30 ans), les souffrances terribles lors de sa passion... ou encore ce fameux passage où il chasse les vendeurs du temple en étant animé d'une sainte colère.
Là où l'historien nous offre quelque chose d'intéressant, c'est en mettant en relief ce que Jésus dit de lui-même. Là où beaucoup de baptiseurs (comme Jean le Baptiste) appellent à la conversion à cette époque, Jésus va bien plus loin dans ce qu'il annonce, mais différemment des zélotes qui attendent un Messie guerrier, et plusieurs se lèveront pour mener des révoltes contre Rome. On peut penser que Barrabbas (Bar-Abbas, le fils du père), le coupable relâché à la place de Jésus le Vendredi de sa mort, était un de ceux-ci. En tout cas, son nom laisse à le penser. Jésus centre son enseignement sur lui, tout en appelant certes à la conversion, mais en ramenant sans cesse à lui et à Dieu dans un même mouvement: "Je suis le pain de vie" (Jn 6,35), "celui qui boit de cette eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif" (Jn 4,13), "Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie", "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai", (Mt 11,28) "Je suis la résurrection et la vie:celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra" (Jn 11,25) et enfin: "Celui qui m'a vu, a vu aussi le Père" (Jn 14, 9). Cette façon de rapporter à soi les caractéristiques de Dieu est tout de même assez fascinant...
Dans la même veine, il affirme qu'il peut pardonner les péchés, parle de lui en se désignant comme le fils de l'homme mais dit que celui-ci viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui. Mais en même temps, il dit qu'il est le Messie, le Fils de Dieu, parle de lui en s'attribuant le nom de Dieu (Je suis, nom de Dieu donné à Moïse au buisson ardent), accepte un titre comme "Mon Seigneur et mon Dieu" (Jn 10,33) après la résurrection, ailleurs les juifs lui disent qu'il se fait Dieu (Jn 10,33) et affirme que c'est vrai. Bref, c'est très fort! Suffisamment pour ne pas nous laisser la possibilité de croire que Jésus était juste un sage, mais bien soit vraiment Dieu, soit un vrai fou et imposteur. Son discours ne laisse pas les gens indifférents: il va jusqu'à dire: qui mange ma chair et boit mon sang aura la vie éternelle. Et évidemment, ça choque tout le monde!
Son enseignement est original, mais sa forme est très classique: il s'adresse en paraboles, ce que faisait déjà avec brio le roi Salomon. C'est dans la plus pure tradition juive. Et lorsqu'on lui pose une question, il pose souvent une autre question, ou raconte une histoire: la plus pure tradition rabbinique. Il centre son enseignement sur le bonheur, obtenu par l'amour de Dieu et des hommes. Les béatitudes dans le discours sur la montagne sont un concentré de ce qu'on doit faire pour être heureux (et bien être, il n'y a rien à avoir). Il guérit abondamment, est reconnu pour ses nombreux miracles et ses exorcismes. Sa vie coïncide avec la réalisation de nombreuses prophéties de l'Ancien Testament, comme le psaume 22 qui fait étonnamment écho à la Passion, et Jésus l'entonne tandis qu'il pend sur la croix (chanter les psaumes au moment du trépas est toujours la plus pure tradition juive). Un psaume en deux parties, une de souffrance et une d'espoir.
Si l'historien ne peut pas tout prendre au pied de la lettre, il sait que c'est ce qu'on dit de Jésus, et qu'il est très différent de n'importe quel autre personne de l'époque.
Après sa mort, il disparaît aussi du tombeau et apparaît vivant à plus de 10 occasions différentes, à plus de 500 personnes réunies en même temps, pendant 40 jours. Et tandis que ces enseignements semblaient voués à disparaître avec sa mort, des générations de chrétiens sont morts au nom de la croyance en la résurrection de Jésus. A commencer par les apôtres qui se sont tous fait trucider d'une façon ou d'une autre.
Après, on peut croire ce qu'on veut, hein!
Mais il y a la matière à penser. Et étant donné ce que Jésus dit de lui-même, on peut affirmer sans mal que ce n'est pas juste un homme sage, un prophète, ou un rabbin... mais bien plus que cela, ou en tout cas, bien autre chose!

samedi 27 septembre 2014

Le christianisme: religion fausse, ennuyeuse, dépassée?

J'ai assisté récemment à une séance des parcours alpha.
Je n'en attendais pas forcément grand chose, et j'y suis venu avec une bonne heure de retard, donc je suis évidemment plutôt en tort. Mais il y a eu un petit speech sur le sujet de la soirée, auquel d'ailleurs, on n'a pas vraiment eu le temps de réagir, à croire qu'il aurait fallu en discuter avant de l'entendre.
Ceci étant dit, le thème, comme le titre de ce billet se nomme, était le suivant: le christianisme, religion fausse, ennuyeuse, dépassée.
Autant aller droit au but, pour moi, le christianisme est passionnant et toujours d'actualité car perpétuellement vrai. C'est stimulant à bien des égards et certains pays font montre d'une grande vitalité en accroissement du nombre de catholique. Par exemple, la Corée du Sud est passée d'un peu plus de 4 millions de catholiques à plus de 5.3 millions entre 2000 et 2011, soit 100.000 nouveaux catholiques par an, et le nombre de prêtres est passée de 2850 à 4400 sur la même période (soit 140 par an) . Ca, c'est une Eglise jeune et dynamique, dans un pays qui se porte économiquement bien et qui est à la pointe de la technologie. Loin de notre pauvre France. De même, aux Etats-Unis, le nombre de prêtres connait un renouveau avec 467 ordinations pour l'année 2011, à comparer à celles en France pour la même date qui s'élevait à 109 (pour une moyenne de 93 par an sur les 10 dernières années...) Dans la même catégorie, le nombre de catholiques dans le monde avait augmenté de 1.15% entre 2011 et 2012 contre une augmentation de la population mondiale de 1.10%. L'Eglise continue donc d'attirer avec 1,220 milliards de membres. Et encore, je n'ai fait référence qu'au seul catholicisme, le christianisme regroupant en plus les orthodoxes avec 280 millions de membres, les protestants avec 440 millions de membres et les autres, pour un total de 2.265 milliards de chrétiens soit 33% des 7,2 milliards d'habitants sur terre au milieu de l'année 2014.
Bref, le Christianisme est on ne peut plus d'actualité.
Ennuyeuse? C'est sûr que parler de religion, ce n'est pas toujours facile, mais il y a plein de sujets où les positions tenues par l'Eglise sont hyper intéressantes et à contre courant de la doxa habituelle. Et soutenues par des arguments de choc, faisant souvent appel au bon sens, au bien commun, à des notions qu'on a oublié mais qui sont plus que jamais d'actualité. Si la doctrine sociale de l'Eglise peut être difficile à lire sous la forme du compendium écrit par Jean Paul II, les développements de celle-ci et sa découverte font apparaître de véritables merveilles et des éléments très étonnants, et par le fait même passionnants! Mais ce sont des éléments certes intéressants mais périphériques par rapport au coeur du message du christianisme qui, pour peu qu'on s' intéresse, fait écho aux dimensions les plus profondes de l'homme. En fait, les niveaux de réflexion sur tous les sujets est souvent marqué d'une véritable expertise qui rend leur découverte extrêmement enrichissante.
Quand à la possibilité que la religion soit fausse, je ne vais pas le développer ici, mais qu'une dizaine de personnes ayant suivi Jésus aille proclamer son message alors que celui-ci en est mort, qu'ils en meurent eux-mêmes et que leurs disciples se fassent également massivement zigouiller, avec un nombre croissant de martyrs au fil des siècles pour atteindre de véritables sommets au XXe siècle et que malgré tous ces morts, les gens continuent de se convertir, c'est quand même qu'il y a un truc.

Mais de tout ça, on a pas parlé ce soir-là.
Non, ce que j'ai vu, c'est une église vieille, ennuyeuse, et dépassée. Avec des personnes qui semblent enfermées dans des problématiques vieilles de 60 ans et attendant du synode sur la famille un changement de doctrine comme l'attendaient les personnes pour Vatican II. Vu l'âge de ces personnes, si elles n'y étaient pas, c'étaient leur parents, mais en tout cas, ce sont des problématiques qui touchent beaucoup moins les générations d'en dessous.
Il me semble que ces personnes auraient tant à gagner à juste se renseigner sur ce que disent les textes écrits par les papes sur ces thèmes... ce serait déjà une sacrée avancée par rapport à la référence fréquente à un certain esprit de ces textes...
J'y ai vu bien peu de jeunes. Mais j'en ai vu. C'est pourquoi je reviendrai, pour sûr. Car ce sont eux qui forment l'Eglise d'aujourd'hui, et qui élèvent ou élèveront bientôt l'Eglise de demain et qui transmettent pour beaucoup déjà la Foi d'une façon ou d'une autre à leur cadets.
Bref, on en reparlera.

jeudi 7 août 2014

De la sagesse

Et voilà! Le dernier de la série!
Aujourd'hui, sûrement le premier et le plus important de tous les serviteurs du bonheur: la sagesse!
La sagesse... Rien que dans la bible, il y a un livre qui s'appelle le livre de la sagesse. C'est aussi le don que demandait Salomon à Dieu lorsque celui-ci lui proposait tout ce qu'il pourrait vouloir.
La sagesse est d'abord le fruit de la connaissance et de l'expérience. Le sage est souvent représenté comme un vieil homme, plein d'expérience et de recul.
La philosophie en grec veut dire l'amour de la sagesse. La philosophie a beaucoup évolué depuis, mais ceux qui veulent philosopher cherchent la vérité, une certaine connaissance du monde à travers la réponse à la question: pourquoi? Enfin, de façon ultime...
Dans les sociétés où la vie est en permanence en danger, ceux qui vieillissent sont les seuls qui survivent parmi les nombreux qui périssent. Ils sont respectés car contrairement aux autres, ils ont réussi à s'en tirer jusque-là. Dans les conditions extrêmes, le respect pour les aînés est extrêmement marqué. A l'inverse, dans une société où il y a un sentiment de paix prononcé, où l'espérance de vie s'allonge et où la mort s'éloigne, on fait moins attention à ces personnes sensées être les détentrices de la sagesse.
La sagesse, fruit de la connaissance et de l'expérience, donne à voir d'une façon particulière le monde. Une vieille histoire sur les sages raconte que lorsque le sage pointe du doigt la lune, le fou regarde le doigt du sage. Ce regard développé permet de voir en chaque situation ce qui compte le plus.
Par exemple, il y a des choses qu'on ne peut pas changer. La sagesse nous donne de comprendre qu'il n'y a juste rien à faire, si ce n'est accepter la situation telle qu'elle est. A contrario, il y a des choses qu'on peut changer, avec du courage. La sagesse nous fait comprendre qu'il est possible d'agir.
Le sage n'a pas une réponse à tout et à n'importe quoi. Le sage a une certaine approche du monde, un certain rapport.
Et il y a donc plusieurs sagesses et plusieurs écoles de sagesse, mais nous ne nous intéresserons qu'à une seule, la seule qui compte vraiment: la sagesse du bonheur.
A quoi me servirait d'avoir toutes les sagesses du monde si ce n'est celle du bonheur et de passer à côté de celui-ci? Rien. Pire, cela me conduirait à ma perte, puisque je passerais à côté du bonheur.
La sagesse est en définitive le plus important serviteur du bonheur puisqu'il nous donne les caractéristiques du bonheur: le regard du bonheur, la façon d'être heureux, la vie du bonheur.
Tous les vieux ne sont pas sages, mais ceux qui ont la connaissance, l'expérience du bonheur, et qui après une vie bien remplie, meurent le sourire aux lèvres, heureux... voilà les vrais sages que l'on devrait tous suivre. Voilà nos modèles, ceux qui finissent le cours de leur vie l'âme en paix avec eux-même et leur entourage. Ils sont les vrais amis du bonheur.
La sagesse est ultimement le plus proche, le plus fidèle et le plus sûr serviteur du bonheur, et nul n'est plus prêt au bonheur et plus prêt du bonheur que celui qui a la sagesse du bonheur à travers la réception de cette sagesse comme cadeau venu du bonheur, fruit de l'expérience et de la connaissance du bonheur.
Si l'on veut être heureux, il faut être sage. Un sage du bonheur.

mercredi 30 juillet 2014

De l'intelligence

On en dit tout et son contraire, cette fois-ci, je voudrais vous présenter...
... un fidèle serviteur du bonheur: l'intelligence!
O hommes sans intelligence...
Voila bien souvent ce que nous sommes.
Car qu'est-ce que l'intelligence? C'est ce qui relie, ce qui nous relie. Une des facultés les plus nobles et supérieures de l'homme. Elle est bien distincte de l'intuition et de l'instinct, que nous avons de commun avec les animaux. Elle est ce qui fait qu'un homme est homme, et si un animal autre qu'homo sapiens en était doté, il faudrait le considérer comme être humain, semblable.
L'intelligence, donc, est ce qui nous permet de relier l'immatériel avec l'immatériel, les idées entre elles, idées d'abord perçues dans le monde sensible. Les connaissances acquises, avec les ensembles de choses que l'on croit, vont nous permettre de généraliser en reliant des idées entre elles et augmenter de façon considérable nos capacités.
En comprenant, on pénètre dans l'essence même des choses, on arrive au coeur même des règles du monde. L'intelligence nous donne d'aller au-delà de l'aspect extérieur des choses pour rentrer vraiment dedans.
Un exemple tout bête: il existe des millions de types de chaises différentes, de toutes dimensions, couleurs, formes... mais ce sont toujours des chaises, même si on ne s'en rend pas tout de suite compte. Ce qui reste lorsque notre esprit enlève tous ces éléments qui ne font pas d'une chaise une chaise, mais qui sont juste des caractéristiques secondaires, c'est l'essence de la chaise. Un type particulier de meuble, un siège pour une personne (contrairement aux sofa et banc) avec dossier (contrairement au tabouret), avec un piètement (les pieds), une assise (où on s'assoit) et un dossier. Voilà, ça, c'est l'essence de la chaise, et tout ce qui répond à cette définition, compréhensible par l'intelligence et réalisée, fournie par l'intelligence, est une chaise. On n'a plus accès à des chaises, mais ce qu'est la chaise.
L'intelligence entre dans les définitions, mais aussi beaucoup d'autres dimensions. Elle cherche ce qu'il y a de plus important. Ce qui est suffisant et nécessaire, mais aussi ce qu'il y a de plus efficace, de plus adapté.
Pénétrer la complexité de problèmes logiques ou mathématiques et par extension la complexité de la structure du monde... Comprendre les structures de langages pour manier la parole comme un grand orateur... Réussir à nous comprendre nous-mêmes... Ou à deviner les réactions des autres... Manipuler des images, des formes dans sa tête... Classer des objets dans des catégories... Evaluer les sons et goûter la magie de la musique dans sa réalisation... Perfectionner l'art du toucher, du déplacement d'objets avec précision... Questionner l'existence des choses...
Et pourquoi pas d'autres... à chaque fois, aller au-delà du sentiment, des sens externes, et relier les éléments, les idées pour se rapprocher de la vérité des choses.
Mais bien sûr, ce qui nous intéresse le plus, ici, c'est l'intelligence du bonheur. Cette intelligence qui nous aide, quand on en est pourvue, qu'on la développe, qu'on la travaille, qu'elle grandit (comme n'importe quelle forme d'intelligence) à mieux saisir ce qu'est le bonheur et comment l'atteindre.
Scruter les profondeurs du bonheur et comprendre comment il se déploie dans notre vie.
Parce que l'intelligence fait un aller retour: en réussissant à généraliser ce qui rend heureux, on arrive à déterminer ce qui nous rend heureux ou peut nous rendre heureux dans notre vie.
C'est ainsi que l'intelligence est un serviteur précieux du bonheur: il fait le messager, le va-et-vient entre le bonheur et nous.
Développer l'intelligence du bonheur, c'est nous aider à distinguer les meilleurs choix pour être heureux.

jeudi 17 juillet 2014

Du conseil

On continue dans la catégorie de l'inattendu et de l'étrange, et pourtant...
Un serviteur un peu méconnu du bonheur, c'est le conseil!
Et oui, car le conseil conduit au bonheur.
Après tout... pourquoi prendre conseil auprès des autres si ce n'est pour faire le bon choix, ce qui doit être fait, ce qui est le mieux pour nous?
Un conseil est toujours bon à prendre, pas toujours à suivre. En fait, la façon de recevoir un conseil est presque aussi précieuse que le conseil lui-même. Et cela demande de la bienveillance.
Bienveillance à l'égard de soi, à l'égard de l'autre, à l'égard de ce qui vient comme ça vient.
En réalité, là où le conseil joue, c'est dans la prise de décision. D'une part, notre raison qui va privilégier une solution plutôt qu'une autre, infléchir notre action d'un côté, d'un autre, ou d'aucun... D'autre part, dans la décision de mettre en action cette décision.
Exemple: je décide de faire du bricolage, un truc tout bête, comme de réparer mon vélo. J'ai ma pédale défoncée, il reste presque plus rien, une ruine... que faire? Si je réfléchis seul, la situation ne peut plus durer. En fait, ça fait déjà un moment que j'aurais du m'en préoccuper, mais j'ai laissé traîner... que faire? J'ai une succession de choix qui s'ouvrent devant moi, certains sont réalistes, d'autres pas du tout, et ils ne coûtent les uns ni le même temps, ni le même coût, ni la même énergie. Changer de vélo, en emprunter un ou en racheter un autre, démonter ma pédale et la réparer, en acheter une autre et la remplacer, mettre mon vélo chez le garagiste, arrêter de faire du vélo... Les conseils que l'on reçoit mettent en aspect certains reliefs de la question qui nous donnent un éclairage particulier et nous donnent d'y voir plus clair. Ici, c'est pas très important, on a juste un vélo en jeu, mais déjà, le choix qu'on fait n'est pas anodin: il y a un certain plaisir à réparer un objet cassé, à utiliser des outils, à améliorer un produit déficient, à recréer de la fonctionnalité là où elle était limitée... Et l'usage d'une solution se fait alors en meilleure connaissance de cause.
Oui, on ne sait pas tout des questions avant d'apporter des solutions. Mais les conseils nous donnent comme un surplus d'expérience, une meilleure préparation pour prendre les décisions.
Le conseil renforce les liens.
Faut-il donc donner des conseils à tout va? Certes non. Ils doivent être recevables et pour le bien de celui qui les reçoit. Un mauvais conseil peut faire beaucoup de mal, comme un bon mal reçu peut générer des catastrophes parce qu'il sera mal réceptionné... Mais ça n'enlève pas l'utilité première du conseil: aider à choisir.
Mais il y a une profondeur particulière du conseil que l'on a pas encore abordé ici, et qui est le coeur de l'utilité du conseil, pour accéder au bonheur: c'est d'écouter ce que le bonheur à a nous dire.
Mieux: écouter ce que le bonheur a à me dire personnellement.
Ma conscience, ce vieil ami, c'est elle auprès de qui je dois me mettre à l'écoute. Est-ce que fondamentalement, je trouve que telle ou telle action s'accorde avec ma conscience? Est-ce que telle ou telle décision me mène in fine au bonheur... ou à un instant illusoire?
Est-ce que je vais devenir heureux avec la décision que je prends?
C'est au fond de nous-même que se trouve la réponse aux questions du bonheur, et du bonheur de chacun. Pas un vague bonheur lointain, ou un bonheur universel dans lequel je n'aurais pas ma place, mais bien ce bonheur qui m'attend.
Il est là, et il faut écouter les conseils qu'ils nous donnent, puis les mettre en pratique. Mais d'abord les écouter. Ecouter le plus profond de nous-même.
C'est là, en nous-même, que se trouvent les meilleurs conseils à recevoir.
Ceux qui nous parle du bonheur.
Ceux qui font parler le bonheur.
Le conseil, c'est ce serviteur qui se fait voie, voix du bonheur.

vendredi 11 juillet 2014

De la force

Je continue ma réflexion sur le bonheur.
Dans l'article précédent, je montrais comment la science, après la piété et la crainte, sert pour atteindre le bonheur.
Aujourd'hui, je vais parler de quelque chose d'un peu plus viril, encore que (!), de la force.
D'ailleurs, ça me rappelle cette réflexion qui est que comme modèle de virilité pour un jeune, rien de tel que de prendre l'exemple de saint Jeanne d'Arc. Bim, rien que ça.
Essayons une définition de la force... on va considérer que c'est ce qui assure la fermeté dans les difficultés et la constance dans le bien. Elle rend capable d'affronter les épreuves et les difficultés. Est-ce que cela nous permet de parvenir au bonheur?
La force physique est souvent la première chose à laquelle on pense quand on parle de force. C'est d'ailleurs dommage lorsque certains veulent opposer force et douceur, mais j'y reviendrai.
L'activité physique répétée donne une force qui permet de faire des actions plus difficiles (porter des altères de 50 kg au lieu de 40 kg par exemple) et pendant plus longtemps. Il y a donc une dimension d'intensité, plutôt masculine, de faire ponctuellement quelque chose d'intense (comme un sprint) et une dimension de durée, plutôt féminine, de faire quelque chose pendant longtemps malgré la présence d'une difficulté (comme être enceinte pendant 9 mois).
La force permet donc de faire quelque chose de difficile.
La force physique permet de faire un effort ponctuel qui demande un investissement d'énergie ciblé comme un effort plus long qui demande le maintien dans le temps de l'utilisation de son énergie.
C'est quelque chose de bien.
Mais à ce niveau-là, on voit mal comment atteindre le bonheur avec cette force-ci si on s'arrête là. Elle est très utile car elle va nous servir de moyen pour accomplir des actions. Mais le bonheur ne repose pas dans le faire... mais dans l'être.
Et être fort... c'est être ferme et constant. C'est être capable de déployer un effort. Il y a la dimension physique, avec toute son importance, mais il y a aussi une dimension plus spirituelle. Lorsqu'il y a une épreuve qui nous tombe dessus, peu importe les muscles, c'est la constance de la volonté, la fermeté dans le choix de la décision qui montrent la force intérieure d'une personne.
Cette dimension interne est moins visible, mais plus impressionnante. Par exemple, celle de la fidélité jusqu'au bout. Qui est très belle. Ou celle du don de soi, du don de sa vie en un instant comme Péguy dans les tranchées et tant d'autres sur un champ de bataille. Du sacrifice quotidien de soi, comme tant de mères qui vivent pour leurs familles jusqu'au dernier instant d'une longue vie.
Parce que la force, c'est dire oui ou non dans les moments les plus importants, les situations de dilemme, mais c'est aussi poser au quotidien le oui et le non dans les plus petits moments, toutes ces petites teintes de couleur qui donnent sa luminosité et sa clarté à la mosaïque de notre vie lorsqu'ils nous libèrent et nous amènent vers le bonheur.
Toutes ces acceptations, tous ces renoncements, ce sont des preuves de force lorsqu'ils nous font renoncer à un plaisir ou un bien facile au profit d'un bien qui fera plus surement notre bonheur.
Il y a de nombreux obstacles au bonheur: torpeurs, fatigues, doutes, incertitudes, peurs paralysantes, et bien d'autres. La force vient lever ces obstacles qui nous empêchent d'être heureux.
Etre heureux, c'est difficile. Mais ça en vaut le coup.
La force, serviteur du bonheur, nous aide à lever les obstacles qui obstruent la route y menant.

mercredi 2 juillet 2014

De la science

On arrive au milieu de nos serviteurs, au troisième. On pourrait avoir du mal à le considérer comme tel, mais vous verrez qu'il porte bien son titre.
Je vais donc traiter de... la science!
Beaucoup voudrait opposer les sciences à l'économie et à la littérature... c'est être assez étroit d'esprit.
En fait, on parle bien de sciences économiques, de sciences politiques et sociales, même si je ne me souviens pas avoir entendu parler de sciences littéraires... ça pourrait être intéressant...
Et on oppose souvent sciences dures aux autres sciences: une science dure tient toute seule à partir du moment où on pose les axiomes. Les mathématiques, une fois les règles de la logique acceptées, nous donne un tout intelligible en lui-même sans contact avec le monde matériel. Les modèles développés servent de stock d'idées pour appréhender le monde réel et mettre en place de nouveaux modèles utiles. Les sciences économiques et physiques puisent massivement dans les maths par exemple.
La science est donc d'abord connaissance. Une science est délimitée et permet de connaitre ce qui est inclus dans le domaine. La biologie s'intéresse au vivant, c'est qui parle du vivant, mais en allant puiser régulièrement sur ce qui touche au vivant sans être vivant, pour enrichir la discipline de la science en voyant les liens avec d'autres disciplines, comme la science des sols (pédologie), science des roches et de la terre (géologie), science du climat (météorologie)... tout cela nous parle du monde et nous donne à la connaitre.
Or, connaître, apprendre, c'est là le véritable objet de notre raison. En tant qu'être dotés d'intelligence, nous voulons connaître, et cela nous procure de la joie. Connaître permet de mieux aimer, et quand on aime, on cherche à connaître l'objet de notre amour. L'orientation de toute une vie doit se baser sur ce qu'on connaît, et sur ce qu'on aime. Cela nous conduit vers ce qui devrait le mieux nous convenir selon nos affinités personnels.
Et connaître le bonheur, c'est déjà s'en rapprocher.
Il existe plusieurs types de savoirs: les connaissances, les savoirs-faire, et les savoirs-être, au moins.
Connaitre, c'est du niveau du dictionnaire, ou de l'encyclopédie. C'est très loin de nous. Mais on touche à l'objet. C'est un premier degré précieux qu'il convient de favoriser comme base pour la suite.
Savoir faire, c'est mettre en pratique une connaissance abstraite. On passe à un niveau plus profond. On touche à la matière de l'objet. Savoir faire une réparation sur un vélo, c'est autrement différent que de savoir qu'il faut utiliser un outil ou un autre! On passe à une dimension plus technique, qui nous fait toucher les limites de nos connaissances et combien les choses sont plus riches que le modèle théorique sur lequel on se basait au début.
Savoir être, c'est en lien avec notre essence. On vit notre connaissance au degré le plus profond possible. Etre mécanicien, pour filer la métaphore, c'est bien autre chose que savoir faire une réparation de vélo. C'est comprendre en profondeur le fonctionnement du vélo et de chacune de ses pièces, ainsi que les outils pour le réparer et ce qui convient mieux que le reste. Ca demande du temps. Ca produit un surcroit d'être. C'est plus qu'une somme de faire: c'est un développement de l'être.
Connaitre que le bonheur procure de la joie, c'est bien. Faire des actions qui nous donne cette même joie, c'est connaître davantage et plus parfaitement le bonheur. Être authentiquement heureux en vivant de la joie, c'est ce que je ne peux que souhaiter à chacun. C'est l'aboutissement de la quête du bonheur.
Il y a beaucoup à dire encore, mais je m'arrêterai là: la science du bonheur, voilà un généreux serviteur du bonheur: celui qui nous le fait connaître... en nous le faisant vivre.
Heureux ceux qui sont heureux: ils savent, ils font, ils vivent ce que c'est d'être heureux.

vendredi 20 juin 2014

De la piété

Deuxième serviteur du bonheur, peut-être aussi surprenant que la crainte, j'ai nommé... la piété!
(Et oui, c'était facile, c'était écrit dans le titre...)
Piété? Bonheur?
Comme certains ne voient dans la crainte qu'un paralysateur de bonheur, certains voient dans la piété qu'un opium faisant rêver à des paradis artificiels et inaccessibles...
Et pourtant!
La piété est en lien direct avec les religions. Et avec les sectes et les pseudos religions aussi d'ailleurs. Et d'autres groupes aussi.
La piété, c'est le lien qu'on entretient avec une divinité. Ou une idole. Ou une idée. On parle même de piété filiale au sein de la famille d'ailleurs.
Créer un lien avec quelque chose, c'est partager quelque chose. Et plus ce lien se renforce, plus les caractéristiques communes s'approfondissent.
Un enfant qui joue au foot parce qu'il admire une star manifeste une certaine forme de piété à son égard, et va chercher à devenir comme elle. C'est d'ailleurs pour ça qu'en matière éducative, il faut prendre soin des modèles que l'on choisit ou que l'on donne: leurs vertus et leurs vices vont devenir un modèle à suivre et façonner la personnalité des personnes. Dans l'autre sens, il faut faire attention au modèle que l'on est: nos vertus et nos vices sont un modèle qui sera suivi et façonnera les autres.
Je me souviens d'un prof de management (ou une matière un peu comme ça) qui demandait qui on admirait en matière de management (ou de communication). De fait, cette admiration était recherchée pour obtenir l'effet mimétique conduisant à devenir comme l'autre.
Ce qui va particulièrement nous intéresser ici, c'est la piété à l'égard des personnes heureuses, voire du bonheur lui-même.
Mourir le sourire aux lèvres, n'est-ce pas un passage vers l'après absolument fascinant? Puisqu'on meurt comme on a vécu, ces personnes et leur vie devraient être des modèles prioritaires à suivre. D'ailleurs, même les personnes qu'on rencontre et qui rayonnent de bonheur sont de bons modèles, inutile d'attendre le dernier jour! Au contraire! La piété génère de la proximité avec l'autre. Donc c'est bien mieux si la proximité se fait avec quelqu'un de vivant et avec qui on peut échanger!
En devenant comme l'autre, on vit aussi au rythme de l'autre: union dans la joie, la peine, les épreuves...
C'est pourquoi il faut faire très attention aux détournements possibles de la piété. Alors que la piété authentique va nous conduire à vivre de ce lien qui se construit, une piété détournée peut conduire dans les pièges du rigorisme et du laisser-faire, tout comme il peut être orienté vers la production d'un lien qui tue et aliène. Ainsi de la piété orientée vers des idoles comme l'argent ou une star déifiée: il y a alors mimétisme qui rend esclave, inquiet, irascible, extrême dans ses réactions et coupé du monde pour être tourné entièrement vers l'idole.
La piété repose très profondément dans la relation.
Plus la relation est faite avec quelque chose ou quelqu'un de bon, meilleure est celle-ci.
Plus la relation est intense et profonde, vivante, meilleure elle est également.
Les plus hauts degrés de piété sont donc ceux qui nous mettent en relation avec les personnes pleinement heureuses ou les plus à même de nous mener au bonheur.
La piété est donc école de bonheur. Sous un mode particulier, qu'il convient de creuser.
Un vaillant serviteur qui nous unit aux autres, et nous fait entrer dans le bonheur.


lundi 9 juin 2014

De la crainte

Après une séquence sur les fins dernières qui aboutit sur le paradis, je voulais aborder une nouvelle séquence s'enracinant dans la précédente, et parler à nouveau de bonheur.
Et sur les moyens d'atteindre le bonheur.
Je commencerai par parler de crainte.
Bonheur, crainte, anthitétique? Aucun rapport? Je ne pense pas...
Je vous propose la lecture de ces petits extraits du psaume 103-102 (1-2.11-12.19-20):
Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits ! Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu'est l'orient de l'occident, il met loin de nous nos péchés. Le Seigneur a son trône dans les cieux : sa royauté s'étend sur l'univers. Messagers du Seigneur, bénissez-le, invincibles porteurs de ses ordres, attentifs au son de sa parole !
Qui fait écho à cette autre parole: « L’amitié de l’Eternel est pour ceux qui le craignent » (Psaume 25)
Parlons de crainte en générale.
La crainte, c'est le fait d'envisager que quelque chose est nuisible, dangereux... Est-ce que cela nous permet de parvenir au bonheur?
La douleur est quelque chose que l'on craint particulièrement. Elle vient nous rappeler qu'il y a des choses à respecter pour que notre corps continue de fonctionner correctement, dans son intégrité. Ceux qui ne ressentent pas la douleur sont de grands malades... S'ils se coupent, ils peuvent perdre beaucoup de sang sans s'en rendre compte, ils s'affaiblissent gravement. S'ils perdent un membre, ils ne peuvent plus s'en servir. S'ils maltraitent leur corps, ils ne répond plus.
La douleur va être le premier élément qui va m'intéresser pour la crainte car à peu près tout le monde la craint. On a peur de se faire mal, c'est qu'on ne veut pas souffrir, et l'expérience de la douleur est quotidienne. Certes, on ne se pince pas tous les jours les doigts dans une porte, ou notre petit orteil ne vient pas rentrer à pleine vitesse dans un pied de meuble toutes les cinq minutes... mais ça craint quand même...
La crainte implique une notion de fuite, de repoussement, d'éloignement. On ne veut plus rencontrer à nouveau une mauvaise expérience.
C'est quelque chose de bien.
Cela nous donne un repère fort.
Avec la crainte que je qualifierais "d'esclave", on fuit le mal parce qu'il est mal. Et c'est un appui précieux pour quiconque veut faire le bien.
J'insiste: la crainte du mal, de la douleur, de l'enfer, sont positivement bonnes et importantes. Avoir peur d'un père fouettard, tant que ça ne transforme pas les gamins en névrosés profonds paralysés de la vie, c'est plutôt une bonne chose. C'est particulièrement bon pour les enfants, pour ceux qui commencent.
Dans un nouveau métier, la crainte de l'erreur pour ce qu'elle nous attire comme ennui est belle et bonne.
Allons plus loin.
Si on veut progresser, on ne peut s'attarder éternellement sur la peur du mal en tant que tel, il faut s'intéresser aux conséquences négatives qu'engendre ce mal. Pour parvenir au bonheur, il faut conserver cette crainte en lui ouvrant de nouvelles dimensions.
Si on reprend la douleur, la crainte de se couper ne devrait pas se limiter à avoir peur de se faire mal, mais dépasser ce stade en incluant une peur de ne plus pouvoir se servir du membre coupé. Quand on utilise souvent sa main, on a peur de se l'abîmer, pas tant pour la douleur (particulièrement plus forte que pour beaucoup d'autres endroits du corps) que pour le handicap que cela occasionne.
On a peur des conséquences auxquelles fait écho la douleur. Ce n'est plus elle qu'on fuit seulement, mais ce pourquoi elle est là. Se brûler à en perdre la sensibilité à la chaleur (voire même au toucher), c'est vraiment dommage. Au-delà de la souffrance de la brûlure, cette question de la conservation de notre intégrité physique devrait se poser.
Ce deuxième niveau plus profond de crainte nous envisage le nuisible, le dangereux au niveau des conséquences négatives de l'acte bien au-delà de l'acte lui-même.
Pour notre question du bonheur, la crainte du mal ne peut se limiter au désagrément immédiat. Si on veut continuer son cheminement vers le bonheur, ils faut craindre le mal pour l'habitude à faire le mal qu'il développe, pour l'obscurcissement de l'intelligence qu'il opère, pour l'affaiblissement de notre volonté qui nous entrainera à poser des actes mauvais...
Un enfant ne va plus tant craindre ses parents pour les bêtises qu'ils puniront, que pour le mal que cela va leur causer. Voyant les conséquences que cela entraine, il va développer une crainte "filiale", qui lui fait fuir le mal pour les conséquences mauvaises qu'entraine le mal.
C'est quelque chose de très bon.
Cela nous donne une direction précise.
Mais cela n'enlève aucune valeur au niveau précédent de crainte. Cela dépasse la crainte d'esclave en l'ouvrant à plus beau et plus grand.
Essayons de pousser encore plus loin comme on peut, en montrant des pistes quitte à se tromper un peu...
Si on veut vraiment perfectionner notre quête du bonheur, et notre crainte, il faut complètement lui faire servir le bonheur.
On ne craindra plus seulement ce qui est nuisible et dangereux pour ce qu'il nous rappelle d'une mauvaise expérience, ni même pour le mal que celle-ci peut entraîner, mais pour le bien qu'elle ne peut pas produire.
Notre vie est limitée en temps. Tout ce qu'on a pas fait pour le moment, on ne pourra plus jamais l'avoir déjà fait jusqu'au moment où on en parle. Le temps non valorisé, non utilisé pour devenir heureux, est perdu.
La crainte de ne pas faire le bien, de perdre de notre capacité à faire le bien, à poursuivre notre bonheur, c'est bien autre chose que de fuir le mal.
C'est craindre de ne pas faire assez bien.
Pas pour paralyser et empêcher de faire, mais pour encourager à persévérer dans ce qui est bien pour atteindre ce bonheur.
La douleur, dans le cas d'un membre, est un allié précieux. C'est une belle et grande chose! L'avoir, c'est disposer d'un allié pour conserver la plénitude de nos moyens pour pourchasser le bonheur. Plus notre douleur sera fine, plus on pourra mesurer précisément ce qu'on risque de perdre comme moyen pour faire le bien.
Pour la brûlure qui fait perdre la sensibilité, il n'y a pas seulement la question de la perte d'un sens: au-delà, il y a la question du bien qu'on pourrait faire en plus avec la conservation de ce sens.
L'acte mauvais nous donne une accoutumance à faire le mal, nous empêche de faire ce qui fait notre bien, affaiblit notre volonté... tout cela nous écarte du bien. La crainte à son plus haut degré de service du bonheur ira craindre la perte d'habitude à faire le bien, à percevoir ce qui est bien et à agir au service de ce bien.
Elle est pleinement et positivement orientée au service du bien, du bonheur.
On peut parler alors pour des amis, voire pour des époux même d'une crainte de ne pas rendre assez l'autre heureux. Cela les poussera à vouloir toujours plus parfaitement et pleinement servir l'autre pour son bonheur. On pourra parler de crainte "amicale", voire même "sponsal" tant qu'à faire.
C'est quelque chose d'excellent.
Cela nous pousse toujours en avant.
Mais cela n'enlève toujours rien à la crainte "d'esclave", et cela n'enlève rien non plus à la crainte "filiale". Au contraire, cela vient les courroner en les englobant et en les orientant vers la seule chose qui compte vraiment: le bonheur.
La crainte est donc très puissante lorsqu'elle se développe pour nous aider à conquérir notre bonheur.
Accepter de recevoir la crainte, lui ouvrir notre coeur et notre esprit, c'est nous ouvrir au bonheur, d'une façon bien particulière.
La crainte: serviteur du bonheur? Je pense que oui.

samedi 7 juin 2014

Sur le paradis

Je souhaitais clore cette petite série traitant des fins dernières. Et comme je ne pouvais pas finir sur une note triste comme le précédent message sur l'enfer, je me devais d'écrire une note joyeuse avec un message sur le paradis.
Parce qu'enfin voilà! Notre but! Le bonheur! Et pas un petit plaisir terrestre qui ne dure qu'un temps: le bonheur éternel!
Il y a dans l'âme une soif inextinguible, un besoin irrépressible d'au-delà. Ce que l'on goûte ici-bas ne dure qu'un temps, puis passe...
L'homme attend le bonheur. Il y a au fond de lui de désir ardent, quelque part, de bonheur.
Notre conscience, qui nous récompense par la joie lorsqu'on fait le bien et qui nous punit par la tristesse quand on fait le mal, nous donne ce désuir de retrouver la joie et de la garder pour toujours.
Il faudrait que je fasse un long détour pour justifier de la joie, mais enfin, c'est ce que l'on ressent quand ce qui doit être fait... est fait. Ca prend différente forme: la satisfaction du devoir accompli, la paix dans le coeur, la douceur d'un sourire... parfois plusieurs en même temps, parfois une seule...
Notre conscience, disais-je, doit tendre vers ce but, vers ce bien, vers le bonheur.
Et il me semble qu'il n'y a qu'hors du temps, dans l'infini que l'intelligence trouve pleine satisfaction, dans le choix définitif d'un acte posé librement que notre volonté trouve son plein accomplissement. Lorsque le temps s'arrête pour nous, à la mort, quand la matérialité ne nous retient plus, quand le temps perd de son emprise, ce qu'il y a d'immatériel en nous perd son emprise sur le monde matériel et se retrouve face à elle-même, avec une visibilité pleine sur sa propre vie. Le choix de s'ouvrir au bonheur ou de s'en éloigner, c'est l'usage pleinier et définitif de la volonté, c'est le summum de la responsabilité: poser un acte dont on assume toutes les conséquences, en pleine connaissance de cause.
Et être responsable, c'est quand un oui est un oui et quand un non est un non.
Le choix du bonheur, possible par tous et vers lequel on devrait tous tendre, c'est ce qu'on appelle le paradis.
Il y a des paradis sur terre. Ils sont dans les personnes qui sont vraiment heureuses, dans celles qui se tournent résolument vers ce qui les rend heureuses, même s'il leur en coûte.
Le bonheur n'est pas un plaisir niais, un état gnangnan sans douleur, ou une transe perpétuelle. Le bonheur, c'est vivre librement de ce qui est bon pour nous. Poser des actes bons. Bien vivre. Quelques exemples?
Il y a ces êtres qui sont détachés de l'argent et qui peuvent vivre aussi bien avec que sans. Aucun souci ne peut venir perturber la paix profonde qui les habite comme leur liberté à l'égard de la monnaie ou des possessions. Vivant comme si rien n'était à eux, tout leur appartient.
Il y a ces êtres qui compatissent à la souffrance des autres, et vivent au rythme du coeur des autres. Unis dans la souffrance, ils sont aussi unis dans la joie, et toutes les causes de joie pour les autres est une raison pour eux d'être heureux. Le malheur ne durant qu'un temps, tout le bien qui arrive aux autres après une période difficile est bien qui leur arrive aussi.
Il y a ces êtres qui ne blessent jamais les autres, ni par leurs actes, ni par leur bouche, ni même par leurs pensées. Leur rapport aux autres est plein de bienveillance, et ils ne cherchent pas à dominer les autres, mais humblement à prendre leur place sans vouloir enlever celle des autres. Vivant comme ne revendiquant rien qui ne soit aux autres, tout ce qui est à tout le monde est leur.
Il y a ces êtres qui cherchent sans cesse à récompenser ce qui est bien et à empêcher que ce qui est mal n'arrive. Accomplissant au mieux le bien par leurs propres moyens, et fuyant tout autant la possibilité de faire le mal, ils sont récompensés en profitant de la joie de ceux qui font le bien.
Il y a ces êtres qui finissent toujours par pardonner le mal qui leur est fait, et vont toujours plus vite dans le pardon. Parce qu'ils auront beaucoup pardonné, on leur pardonnera beaucoup. Le mal n'a plus de prise sur eux, et leur relation avec les autres est toujours pétrie d'amour.
Il y a ces êtres qui ne voient que le bien en chaque chose. Leur regard est tellement lumineux et tellement capable de discerner ce qu'il y a de bon en toute chose qu'ils ont la vision du bonheur.
Il y a ces êtres qui travaillent ardamment à la promotion de la paix par tous les moyens, qui mettent toutes leur force pour que leur lieu de vie soit plein de paix et bons rapports entre les personnes. Ils sont les héritiers du bonheur.
Il y a ceux qui souffrent pour que le bien triomphe et utilisent tous les moyens à leur disposition pour faire avancer la reconnaissance de ce qui est bon et le recul de ce qui est mal. Ils sont l'annonce du bonheur pour tous ceux qu'ils rencontrent, et déjà la vie réalisée de ce bonheur.
Il y a des êtres qui sont insultés, persécutés, bafoués, trahis, parce qu'ils défendent ce qui conduit au bonheur. On veut les faire taire car ils portent la bannière de la liberté réelle et du bonheur authentique. Plein d'une influence positif dans la réalisation du bonheur pour ceux qui les entoure, ils vivent déjà et préparent ce bonheur éternel qu'ils poursuivent.
Ces êtres vivent déjà du bonheur qui les attend. Une lumière intérieure les habite.
Unis aux autres.
Heureux.
Libres.
L'intelligence lumineuse de la lumière du bonheur, la volonté affermie dans le choix répété du bien, ils ne peuvent que choisir le bonheur authentique qu'ils ont pourchassé toute leur vie.
La béatitude éternelle qui leur sera offerte pourra être acceptée et elles s'ouvriront au bonheur.
Le paradis est le lieu, l'état du bonheur.
Il y a des paradis sur terre: on a le temps pour les trouver, mais ils sont partiels, ils ne durent qu'un temps.
Il y a un paradis sans fin après la terre: prenons le temps se préparer pour y entrer à jamais!

vendredi 6 juin 2014

Sur l'enfer

Qui a encore peur aujourd'hui de l'enfer?
Parler des fins dernières, c'est aussi parler de l'enfer. Ce que nous sommes, le temps d'une seule vie, ce que nous faison, dans sa dimension éternelle, implique une justice à dimension éternelle.
Une des façons de se débarasser de l'enfer aujourd'hui, c'est de croire en la réincarnation. C'est bien expliqué ici. Se réincarner, c'est se donner toujours une seconde chance, c'est se déresponsabiliser à cause d'un passif dont notre vie actuelle ne serait pas responsable, c'est tendre vers la disparition de soi dans un grand tout et la mort du désir. Se poserait donc le problème de ce qui persisterait réellement dans sa dimension immatérielle, après la mort.
Or, si on passe sa vie à poser des actes bons qui nous libèrent et nous rapprochent du bonheur, si on pose des actes mauvais qui nous aliènent et nous coupent du bonheur, alors on forme notre volonté et notre intelligence, on la modèle, on la fait devenir quelque chose de tout à fait unique et propre. Dans sa dimension morale que ne pourra pas avoir un robot par exemple, notre intelligence s'affine ou s'obscurcit, notre volonté se déploit ou se referme, le temps qui nous est imparti, jusqu'au moment de la mort.
Le choix positif d'aller vers le bonheur, ou le non-choix de refuser le bonheur et s'en éloigner par incapacité à le recevoir est un acte possible à cause de notre liberté.
La liberté est ce qui nous permet de dire oui, mais à condition qu'on puisse aussi dire non. La liberté parfaite consiste à toujours dire oui à ce qui nous mène au bonheur authentique.
L'enfer, c'est se couper de ce bonheur. Etre enferré dans une incapacité d'aller vers notre bonheur.
Ici-bas, on voit déjà des damnés qui disposent heureusement d'encore un peu de temps pour se tourner vers le bonheur et se sauver.
Il y a ces êtres prisonniers de leurs ventres qui ne vivent que comme esclaves de la nourriture. Ce mauvais maître leur ruine la santé pour les gloutons obèses comme pour les anorexiques maigrichons, ou les emprisonnent pour ces mesureurs de calories à tout crin...
Il y a des êtres prisonniers du sexe qui ne voit l'autre qu'à travers le sexe, perdent leur temps et leur énergie en masturbation, pornographie, dragues inutiles et romances d'un soir...
Il y a ces êtres prisonniers de la tristesse de ne pas être ou de ne pas avoir, qui jalousent le bien des autres et envient ce qu'ils sont. Leur coeur est empli d'amertume et leur langue salit tous ceux qu'ils cotoient...
Il y a ces êtres prisonniers de leur vengeance, qui veulent eux-mêmes se faire le glaive de la justice, quitte à marcher sur cette justice pour aller plus loin, à travers une passion bouillonnante comme à travers le calcul froid et méthodique. Qu'ils s'emportent pour de mauvaises raisons ou au-delà du raisonnable, ils ne savent pas s'arrêter tant qu'ils n'ont pas anéantit tout ce qu'ils pouvaient, in fine eux-mêmes.
Il y a ces êtres prisonniers de l'argent, qui ne vivent que par lui et pour lui. Mauvais maître, il ronge l'âme d'inquiétude et plonge dans le désespoir lorsqu'il se retire. Il éloigne des proches et isole dans une peur panique du lendemain.
Il y a ces êtres prisonniers d'une autre tristesse, celle de ne pas agir. Les prisonniers de l'immobilisme. Le temps passe, le devoir appelle, ils restent dans leur néant, dans la procrastination, dans l'inaction. L'être est fait pour vivre, agir, faire, ils se meurent lentement, repoussent, s'occupent.
Il y a ces êtres prisonniers de leur égo. Indépendants refusant les autres ou de devoir quoique ce soit à qui que ce soit, égoïstes rapportant tout à eux et ne vivant que par et pour eux-mêmes... même combat du toujours moi.
Ces êtres, disais-je, s'ils sont trop prisonniers et malheureux en posant régulièrement et de plus en plus des actes qu'ils les enferment en eux-mêmes, meurent comme ils ont vécu.
Seuls.
Tristes.
Esclaves.
L'intelligence noircie d'avoir passé sa vie orienté vers autre chose que le bonheur véritable, la volonté paralysée de ne pouvoir que choisir des biens qui éloignent du bonheur authentique, ne peuvent pas accéder à un bonheur qu'ils ont refusé tout le temps de leur vie.
Le salut qui leur serait offert pourra être refusé et elles s'enfermeront en elles-mêmes. N'ayant pu s'ouvrir aux autres, elles se ferment à jamais.
L'enfer est le lieu, l'état où il n'y a pas de bonheur.
Il y a des enfers sur terre: on a le temps de s'en sortir, ils sont partiels, ils ne durent qu'un temps.
Il y a un enfer sans fin après la terre: prenons le temps de se préparer pour ne jamais y entrer.

mercredi 4 juin 2014

Sur la justice pour l'éternité

Pour continuer ma réflexion sur les fins dernières, après avoir écrit sur l'être et le temps, sur la portée éternelle de nos actes, je voudrais aborder la notion de justice et sa dimension éternelle.
Qu'est-ce que la justice? C'est rendre à chacun selon son du. Punir le mal, récompenser le bien.
Prise comme une habitude, la justice devient la volonté constante et ferme de donner à autrui ce qui lui est dû. A autrui, et à tout en fait. On parle même de religion pour la justice envers Dieu.
La justice est parfois aveugle et impitoyable: juste, punissant et récompensant, mais sans amour, mécaniquement. Est-ce une justice insuffisamment poussée? Qui n'irait pas assez loin? Ou bien la justice doit être aidée par autre chose pour ne pas être l'instrument froid du chatiment comme de la récompense?
On représente parfois la Justice de façon allégorique avec les yeux bandés, jugeant les situations de façon impartiale. Ce serait déjà un grand bien, mais ce serait triste et insuffisant.
La récompense pour un acte bon posé par l'homme est une libération de cette personne lui permettant de poser à nouveau des actes bons et en même temps une plus grande ouverture au bonheur.
La punition pour un acte mauvais posé par l'homme est une aliénation de sa liberté l'entrainant à poser des actes mauvais et en même temps le coupant du véritable bonheur.
L'intensité des actes va directement influer sur ce qui est dû: un acte vécu pleinement avec beaucoup d'amour ouvre grandement au bonheur et favorise grandement les prochains actes bons, quand un acte vécu avec beaucoup de malice va obscurcir profondément la personne et lui cacher le bien, l'entrainant davatage dans le mal.
Il y a un changement de regard: une personne habituée à faire le mal ne verra même plus en quoi ce qu'elle fait est mal, le regard est profondément noirci; une personne habituée à faire le bien verra davantage le bien produit par ses actes, et illuminera son regard.
Le temps est limité ici-bas, et le nombre d'actes que l'on pose est limité. Dans ce temps qui nous est donné, les actes ont tous une portée éternelle puisqu'ils nous font évoluer dans ce qu'il y a de plus immatérielle en nous: l'intelligence et la volonté.
A la mort, en l'état où se trouve notre intelligence, avec sa clarté et son obscurité, et en l'état où se trouve notre volonté, prompte à courir vers le bien ou incapable de se tourner vers lui, il y aura jugement.
Justice sera accomplie: la volonté se tournera vers le bonheur et le choisira, ou s'en détournera et le fuira. Si on n'est pas tout de suite en état d'être pleinement orienté vers le bonheur, mais qu'on le choisit, alors il y a un passage temporaire, un état intermédiaire d'attente durant lequel on se tourne vers ce bonheur.
La récompense pour le bien se fera dans la mesure de notre empressement dans notre vie à aller vers le bonheur et à l'accomplir, si on choisit le bonheur.
La punition pour le mal se fera dans la mesure de notre aveuglement et notre usage destructeur du mal, si on choisit de se couper du bonheur.
Dans sa dimension finie, l'intelligence et la volonté auront une sanction (récompense ou punition) finie.
Dans sa dimension  infinie, elles en jouiront ou en pâtiront éternellement, de façon infinie.
Il me semble que ce n'est que justice.
Alors, pour profiter du plus grand bonheur possible, d'un bonheur authentique et véritable, c'est maintenant que se pose pour nous cette question: puisque la justice a une dimension éternelle, qu'est-ce que j'attends (et comment) courir vers la récompense qui me sera due!

mardi 3 juin 2014

Sur l'acte et l'éternité

Je poursuis ma réflexion sur les fins dernières qui m'avait fait aborder l'être et le temps pour toucher aujourd'hui la dimension éternelle des actes posés dans le temps.
Comme je l'avais indiqué en reprenant saint Augustin dans ses confessions, le seul moment sur lequel on peut agir, c'est maintenant. Le passé n'est plus, le futur n'est pas encore, il n'y a que maintenant.
L'éternité est souvent définie de façon négative: hors du temps, enfermée dans son immobilisme, autre chose... Hors, Benoit XVI, quand il n'était encore que cardinal, décrivait ainsi l'éternité comme le présent contemporain à tous les temps, la force créatrice qui porte tous les temps et qui englobe le temps en son unique présent et lui permet d'être.
Positivement, l'éternité est d'une nature différente du temps et englobe tous les présents. Comme une éponge qui s'imbibe complètement d'eau et finit par en être partout constituer sans perdre sa nature d'éponge, le temps est plein de l'éternité sans perdre sa nature de temps. On a plus tendance à comparer le temps à un fil ou un cercle... Et bien, le fil du temps, si on l'imbibe de colorant rouge, sera tout le temps rouge et plein de cette couleur, qu'on peut retrouver hors du fil, mais qui est présente en tout point du fil. C'est pareil avec l'éternité qui est toujours présente au présente.
L'acte posé existe pour toujours. Lorsque toutes les traces semblent s'effacer, cela reste gravé dans l'histoire éternelle. Il y a une dimension éternelle dans chaque acte puisqu'ils sont posé un jour, et ne peuvent plus ne pas avoir été fait alors.
Une bêtise comme casser un vase, on peut la regretter, la réparer en collant les morceaux ou en rachetant un autre vase, mais on ne peut pas revenir en arrière.
Une blessure, une coupure, peut parfois être guérie en laissant une cicatrice: c'est la marque simultanément de l'existence passée de la blessure qui se poursuit au-delà et de la guérison de celle-ci qui marque le passage à un après.
Dans sa dimension surnaturelle d'être raisonnable doté de volonté, l'homme imprime de façon immatérielle en lui-même tout ce qui le libère et l'élève comme ce qui l'aliène et l'enferre. Cette histoire personnelle s'écrit dans le temps avec pour chaque acte posé une préparation au dernier acte, celui qui inscrit le choix dans l'éternité du bonheur ou du malheur.
Parce qu'un jour il n'y aura plus de temps pour cet immatériel de l'homme, mais seulement l'éternité, le choix de son positionnement dans l'éternité s'exerce dans tous les choix précédents qui ont donc une portée éternelle.
Le seul acte digne d'être posé, c'est le choix du bonheur.
Que chacun de nos actes nous poussent à choisir toujours plus notre bonheur, par un choix authentiquement libre.

lundi 2 juin 2014

De l'être, et du temps

Dans mon message précédent, j'ai abordé de façon un peu confuse le thème des fins dernières.
Commencer par la fin, c'est tout de suite fixer le but vers lequel on veut tendre.
Quel général ne compte ses soldats et les forces adverses avant de se lancer dans la bataille? Et s'il ne peut gagner, trouve une échappatoire pour éviter une boucherie inutile?
Quel architecte commence la construction d'une maison avant d'en avoir établi les plans? Et s'il ne peut prévoir toutes les salles, ne ménage des issues de secours pour pouvoir continuer la construction?
Quel coureur ne regarde devant lui vers la ligne d'arrivée? Et ne prépare sérieusement son entraînement pour assurer la meilleure performance possible?
Ainsi, ce n'est pas prendre les choses complètement à l'envers que de dire que là où on va et ce qui compte vraiment, c'est le bonheur.
Utopie?
Notre vie sur terre a un début (la conception 9 mois avant la naissance), une fin (on ne connait pas grand monde qui soit encore en vie 200 ans après la naissance), et entre les deux, un présent qui court, qui court...
Un présent du passé, qui s'actualise dans notre mémoire. Il a coulé comme l'eau entre nos doigts, et nous n'avons plus de pouvoir sur lui.
Un présent du futur, qui s'actualise dans notre imagination. Il n'est pas encore là, mais il ne cesse de venir à nous.
Un présent du présent, qui est le seul lieu de notre pouvoir et de notre action. Si on veut chercher le bonheur, alors il faut agir maintenant. En étudiant le passé, en scrutant l'avenir, en vivant dans le présent et en agissant maintenant.
Le temps nous échappe, bientôt il n'y en aura plus pour nous.
Que faire?
Les minéraux ne peuvent rien. Ils attendent et subissent le travail du temps. Ils sont la passivité même.
Les plantes croissent et luttent sans cesse pour vivre et se reproduire. Elles travaillent dans le temps et vivent avec lui. Elles prennent le temps de prendre leur temps. Lorsque l'hiver dure encore, et que les premiers rayons du printemps brillent au travers des cieux, elles se préparent déjà à l'été, sans rien savoir et en réagissant passivement à leur environnement sans prise sur lui. Elles réagissent de façon passive. Il y a plus d'être dans la réaction que dans l'inaction.
Les animaux se développent à travers un outil supplémentaire et façon: les sens. Au fil du temps, ceux-ci s'affinent puis s'usent et leur permettent de réagir à leur environnement en apprenant à le connaitre. Il y a chez eux une connaissance sensible du monde qui devient de plus en plus grande. Cette connaissance qui se développe aussi dans l'imitation leur permet de reproduire sans les comprendre tout un panel d'actions fascinantes. Ils agissent de façon active. Il y a plus d'être dans l'action que dans la réaction passive.
L'homme "dispose" d'un outil encore plus fascinant, tout en possédant tous les autres précédemment cités: l'intelligence. Il comprend et réfléchit le monde. De l'esprit, il l'englobe tout entier et dépasse la connaissance sensible pour la connaissance intellectuelle. Celle-ci s'affine au fil du temps, et permet à travers la volonté de choisir ce qui semble bien et ce qui semble mal. Le temps le travaille. Il y a plus d'être dans l'action volontaire que dans l'action instinctive.
Le temps dont nous disposons ne devrait être utilisé que pour accroître notre être, et l'être le plus utile et le plus haut. Pour l'homme, c'est l'intelligence et la volonté. On ne devrait penser nos journées, nos vies que dans le but de comprendre authentiquement ce qui est bien et mal, et d'y soumettre nos comportements pour tendre entièrement vers le bien, vers le bonheur.
A la mort, on aura plus le temps de différencier le bien du mal, de choisir le bien plutôt que le mal. Ou plutôt, à l'instant de la mort, avec ce qu'on aura pu distinguer du bien et du mal, on choisira pour de bon le bien pour nous qui est le bonheur ou le mal pour nous qui est de s'en séparer.
La vie est trop courte pour ne pas en profiter dès aujourd'hui pour discerner notre bonheur et le poursuivre!
Il est grand temps de trouver ce qui nous rend pleinement heureux... et de le poursuivre!

vendredi 30 mai 2014

Sur les fins dernières

Parmi les 5 preuves de l'existence de Dieu fournies par saint Thomas d'Aquin, et que le philosophe paysan Gustave Thibon a pu voir dans la Nature, c'est que tout a une fin. Et en définitive, positivement, la fin de toute chose, c'est Dieu. Ou encore la cause finale.
Le soleil? Il existe pour fournir de la lumière et de la chaleur, un cadre pour que la vie puisse se développer.
Une plante? Elle vit en vue de perpétuer son espèce, ou plus précisément de produire de la vie, et de la vie en abondance.
Un animal? Il recherche en permanence à augmenter sa vie ou celle des siens, toujours davantage plus de vie.
Un homme? Il a plein de questions, mais au fond, le taraude ce questionnement lié au but: pour quoi suis-je sur terre? Dans quel but? Et la réponse "être heureux" est quand même plutôt chouette!
Je m'étendrai peut-être plus tard dessus ailleurs, mais la joie provient de la réalisation de soi. Lorsqu'on utilise sa vue pour voir, cela provoque une certaine joie, un certain émerveillement. Celle-ci est souvent plus forte lorsqu'on retrouve la vue après l'avoir perdue: on a de la joie a voir sa valeur. De même quand on marche après un long moment assis, on est heureux de se servir de ses jambes; ou quand on arrive à résoudre une équation difficile en maths: on est heureux de se servir de beaux raisonnements pour atteindre un but.
La joie, le bonheur, sont donc particulièrement précieux. Et l'homme va chercher à acquérir ce bonheur, soit dans l'éphémère de l'instant quitte à se brûler les ailes, soit dans la fidélité à une ligne de conduite parfois exigeante et difficile demandant des sacrifices douloureux, mais en vue du bonheur à acquérir après.
L'homme est fait pour le bonheur.
Les actes qu'on pose qui aliènent notre liberté nous éloigne de cette capacité à choisir ce qui est bon pour nous et pourra nous rendre heureux. Les actes au contraire qui augmente notre liberté et notre capacité à choisir ce qui est bon pour nous sont bons. Dans la multitude des actes qu'on pose au cours de la journée, il y en a donc qui nous rapprochent du bonheur, d'autres qui nous en éloigne.
Je m'étendrai peut-être une autre fois là-dessus aussi, mais rapidement... si les concepts sont immatériels et que l'homme peut les saisir (un triangle a trois côtés, en soi, sans que je me serve de l'imagination pour visualiser un triangle... de même pour un myriagone avec 10.000 côtés d'ailleurs! Ma raison me fait saisir cette idée qui n'a pas de matérialité), alors il a en lui une part d'immatériel qui survit à la disparition de la matière. Et donc ce qui reste persiste sans matérialité.
La raison, qui nous fait saisir l'immatériel, est donc dans cette catégorie, au même titre que la volonté qui nous fait choisir via des idées ce qu'on fait, quitte (et surtout!) en allant contre notre nature. La preuve qu'on peut faire acte de volonté contre les instincts, c'est par exemple la chasteté volontaire à vie, ou le jeûne volontaire au nom d'idées.
Persiste donc de façon immatériel un principe propre à tout individu raisonnable qui contient la raison et la volonté, et qui doit bien, lorsque le temps d'agir matériellement s'achève, avec la fin du corps animé qui devient cadavre, choisir volontairement son état pour la vie après le temps.
Si la personne a parfaitement attaché toute sa vie à cherché le bonheur et que ses actes ont poursuivi ce but, alors tout naturellement, elle choisira l'état qui lui donne ce bonheur.
Si la personne a partiellement cherché ce bonheur, alors une étape de réorientation vers le bien, de réacquisition de la liberté perdue à cause des actes aliénants est nécessaire. C'est transitoire est s'achève sur la pleine orientation dans le choix du bonheur.
Si la personne s'est détournée complètement du bonheur et s'est mutilée au point de ne pas vouloir choisir le bonheur, alors elle se retrouve coincé dans le résultat de sa vie terrestre et se coupe d'elle-même du bonheur.
Ces deux états définitifs nous donnent donc à réfléchir aujourd'hui sur ce qui fait authentiquement notre bonheur (le but de notre vie) et sur les moyens à mettre en place pour l'atteindre.
La fin est bien plus importante que les moyens.
Recherchons donc ce qui fait réellement notre bonheur!

mercredi 21 mai 2014

De l'art de bien bloguer

Ce message se veut l'écho de cet article: OPINION Quatre règles simples pour (ré)humaniser le «territoire numérique»
J'ai déjà monté plusieurs blogs. Certains ont duré quelques semaines, d'autres plusieurs mois. Celui-ci devrait durer un peu plus, peut-être.
Tout ça pour dire que j'ai un peu d'expérience, et que ça me permet de prendre un peu de recul sur l'activité d'écrire un blog, qui est très différente de celle de lire un blog.
D'abord, un des risques, c'est de se centrer sur soi-même, et de n'être que le coeur, le sujet principal du blog. Enfin, un risque... mon premier blog était un compte-rendu de mes aventures au Pérou. D'un style très dynamique et en prenant du recul sur moi-même à travers la distance d'un surnom, j'essayais de tenir en haleine mes lecteurs. C'était sympa, je prenais un thème et je le développais avec mon expérience au quotidien. Je faisais voyager mes lecteurs, et je passais tout le temps pour un fou.
Après, les autres blogs ont essayé d'autres façons de faire, mais j'y avais moins d'intérêt. Je n'avais plus besoin de raconter ma vie, et c'était moins cool. Et puis, j'avais trouvé d'autres passe-temps.
Et puis... j'ai lu beaucoup de blogs, plein. L'envie est parfois forte d'écrire pour répondre. Mais les commentaires, c'est pas toujours le meilleur endroit pour avoir de la visibilité, ou pouvoir retrouver ses infos. J'ai donc du écrire un ou deux commentaires, puis je me suis lancé dans l'aventure de ce blog.
Je voulais éviter certains ennuis. L'un d'eux, c'est d'avoir des messages irréfléchis de deux phrases en commentaires qui attaquent sans argument et qui servent à rien. Si on prend des journaux très lus, et qu'on prend un sujet clivant, on a un phénomène de horde des commentateurs qui n'est pas très constructif, mais jette plutôt des anathèmes à droite à gauche.
La première règle, c'est donc privilégier la qualité à la quantité. Une sage décision. Ca permet de creuser les sujets. De lire des avis différents. D'affiner sa position avant de s'attaquer au thème. Pour creuser, on peut poser deux-trois questions à droite à gauche sur des articles parlant du sujet, puis on se lance, enrichi des avis des uns et des autres. Sa permet aussi de se poser à froid, ce qui évite les dangers inhérent au billet d'humeurs. Parfois ça vaut le coup de donner son avis à chaud. Mais ça présente le risque de facilement glisser vers les caricatures faciles.
La deuxième règle proposée, c'est de vérifier ses infos. Se faire le relais d'une fausse info, c'est pas terrible. Avoir des sources fiables (comme dans l'affaire du parachutiste survivant à une chute de 1500m), qu'on recoupe, ça permet de mieux cerner la réalité, ou de réaliser qu'on ne dispose pas d'assez d'information pour juger d'une situation. Google est un bon ami, wikipedia aussi, et si les infos se recoupent, alors on est plutôt bon.
La troisième règle est d'éviter l'anonymat. J'avoue que je chéris cet anonymat. C'est bien pratique. Si j'écris toujours sous le même pseudonyme, une certaine prudence et une certaine discrétion vis-à-vis d'internet me porte à conserver cette protection. Je ne suis pas le seul blogueur à utiliser un pseudonyme, et j'apprécie plusieurs de ceux qui le font, et je souhaite donc faire de même. Et je ne suis pas sûr que cela me décrédibilise...
La quatrième règle est de faire preuve de bienveillance. Et ça, c'est pas facile! Ne jamais prendre l'autre de haut, trouver dans ce qu'il dit ce qu'il y a d'intéressant (sinon, autant arrêter de le lire...), valoriser ce qu'on trouve de bon, remercier et même demander des conseils, des liens... bref, construire une relation de confiance. Ca permet de faire passer beaucoup de choses sans avoir l'autre qui se braque à cause de position trop "rentre-dedans".
Ces 4 règles sont en fait largement applicables à toute activité sur le net, mais concerne tout particulièrement la famille des blogueurs, qui ont une voix qui a une portée (parfois très grande).
Un principe sous-jacent à ses 4 règles et je finirai là-dessus, c'est de chercher à bien faire.
Il faut chercher à faire ce qui est juste et bon.

mardi 13 mai 2014

Vérité et vraisemblance

Ca fait depuis quelques jours que je mûris cette idée, aujourd'hui, je voudrais parler de vérité et de vraisemblance.
Petit exercice de définition: est vrai ce qui correspond à la réalité, est vraisemblable ce qui semble correspondre à la réalité.
Peut-on avoir un accident de parachute, se jeter de 1500m d'altitude (au-dessus du niveau du sol) et s'en sortir vivant? Invraisemblable, non? Et pourtant parfaitement authentique. Le meilleur article que j'ai pu trouver sur la question est en espagnol et raconte comment un péruvien de 31 ans, Amasifuen Gamarra, a réussi à survivre malgré un problème de parachute. L'information date du 7 Mai 2014.
La première fois que j'ai eu l'info entre les mains, c'était une bête réplique de l'annonce AFP, et aucun travail n'avait été fait: un miracle, survie d'une chute de 1500m alors que le parachute ne s'est pas ouvert et que le sous-officier est tombé inconscient alors qu'une sangle s'est enroulé autour de son coup. Aucune fracture.
Plusieurs points: d'abord, il en était à son cinquième saut, ensuite, il est bien en vie et va bien, et la chute a bien eu lieu. Mais toute la vérité n'est pas faite sur cette histoire. Il semblerait que lorsque la sangle s'est détaché, une partie du parachute s'est bien ouverte, mais pas complètement, ce qui a bien pu ralentir la chute, même si ça n'a pas autant ralenti que l'on aurait pu l'espérer. Il n'est donc pas tombé en chute libre. Mais quand on sait combien de parachutistes ont pu mourir à cause de problème de sangle et d'ouverture de parachutes... s'en sortir sans une fracture... ça tient quand même du miracle!
Réponse: oui on peut tomber de 1500m d'altitude, avoir un problème avec son parachute, atterrir inconscient mais en vie.
Et pour revenir au tout début, c'est vrai mais invraisemblable. Dans les commentaires du journal que je lisais, certains cherchaient un "truc". Et le truc, c'est l'ouverture partielle du parachute. Ce qui serait encore plus invraisemblable, ce serait la chute de 1500m, sans parachute du tout, sans aide d'autre personne, et d'atterrir en chute libre sans dommage. Mais là encore, en allant chercher la petite bête, il est possible de se retrouver (avec beaucoup de chance) dans une zone de forêt dense où les branches amortissent la chute avant de finir en tombant dans l'eau. Situation invraisemblable mais possible.
L'être humain a plus de facilité a croire le vraisemblable que le vrai. Quand on regarde 100 ans en arrière la technologie qui existait, ce qu'écrivaient les auteurs de science fiction, et la situation qu'on connait aujourd'hui, nous vivons dans un monde invraisemblable pour l'époque d'alors. Mais notre monde est bien vrai.
Les mensonges vraisemblables passent d'autant mieux qu'ils sont gros. En tant que mensonges, ils sont faux, mais si la vérité est invraisemblable, l'humain sera spontané plus porté à accepter le mensonge. Ca a un côté confortable d'accepter des propositions, des phrases qui sont vraisemblables, quoique fausses. Et lorsqu'on pointe du doigt sur les incohérences, plusieurs postures existe:
-Le rejet, le déni, le refus de l'incohérence permettent de ne pas se poser la question. On passe rapidement sur ce qui ne va pas, et tant pis. Attitude confortable, paresse intellectuelle, c'est l'accumulation des incohérences qui peut pousser la personne vers une attitude plus constructive.
-La minimisation, l'explication à la va-vite permettent de prendre l'incohérence telle qu'elle se présente, et de la considérer comme étant insuffisante pour remettre en cause ce qui existe déjà. Si notre explication permet d'expliquer 90% des situations, tant pis pour les 10% qui restent. Sauf si ceux-ci grandissent en importance parce que la minimisation apparaît pour ce qu'elle est, une réduction excessive de la réalité. On peut alors chercher une remise en question plus profonde.
-L'acceptation des faiblesses de notre modèle de pensée et la révision de celui-ci, selon la profondeur qu'on y met, donne un vrai soutien pour aller vers la vérité. La reconnaissance des limites d'un modèle permet d'évoluer sereinement avec lui et de changer de façon de voir les choses si celui-ci ne fonctionne plus.
Les comparaisons, les analogies, les modèles permettent de faire fonctionner en théorie le monde d'une façon qui se veut la plus proche possible du fonctionnement réel et pratique de celui-ci. Je finirai sur deux exemples. Le premier, c'est la structure de l'infiniment petit. Quand j'étais en cinquième, on me parlait atomes et on me disait que c'était composé d'un amas de protons et de neutrons au centre, et comme un système solaire dont le noyau serait le soleil, les petits électrons tournaient autour. Avec la règle du duet et de l'octet, le fonctionnement des molécules s'expliquait plutôt bien jusqu'à des atomes ayant 18 électrons. En prépa, on nous parle de choses plus compliquées et plus fines, avec des orbitales atomiques un peu chaotiques, des zones où les électrons peuvent se trouver (en gros) et ceux-ci sautent de l'une à l'autre, et les tout petits photons vont et viennent à une fréquence démente pour faire sauter les électrons d'un endroit à l'autre. De nouvelles règles apparaissent avec électrons qui se baladent par paire pour faire des liaisons covalentes, et on nous explique les limites du modèle avec des cas particuliers, qu'on explique quand... on se fait de la physique quantique ou un master-doctorat de sciences fondamentales dans l'infiniment petit, avec des règles toutes plus folles les unes que les autres... mais qui expliquent mieux le réel.
On s'approche à chaque fois de la vérité, mais on sait qu'on explique pas tout. A chaque fois, la force du modèle tient à l'étendue de ce qu'il explique. On a besoin du plus petit modèle pour expliquer, et les autres, pas forcément. D'autres s'en serviront mais pas nous! On a pas besoin de tout savoir... Mais c'est merveilleux de voir combien le monde est immense... et beau!
Le deuxième exemple, c'est les couleurs. La magie des couleurs, c'est la perception de longueurs d'ondes par l'oeil. Tout ce qui bouge entre 400 et 800 nanomètres, en gros, et qui rentre dans l'oeil nous fait percevoir une couleur. Mais c'est un peu plus compliqué que ça, et les débats sur la couleur d'un objet (c'est vert... non, c'est bleu... non c'est turquoise mais un peu olive... euh...^^) font voir combien la perception change d'une personne à l'autre. En pédologie, quand on étudie les sols, la couleur (précise) est essentielle, et on a pour cela un code. Je vous met un lien. Si on veut avoir la couleur le plus objectivement possible, on utilise la charte Munsell, qui existe à la base pour les colorants. Et là, avec toutes les couleurs plus ou moins sombres, plus ou moins bleues, vertes ou rouges, on arrive à se mettre d'accord. D'accord sur un nom qui ressemble pas à grand chose, avec des chiffres et des lettres, mais on se met d'accord! Pour trouver la "vraie" couleur, entre ce qui est perçue, ce est qui altère la perception et le jugement, et ce que nos souvenirs nous disent des couleurs alors que notre vue évolue, il y a de quoi s'arracher les cheveux! Sans compter que nos goûts évoluent au fil du temps ce qui modifie encore notre jugement, et que la luminosité va encore mettre son grain de sel...
Bref, tout ça pour dire que trouver ce qui est vrai, ce qui correspond à la réalité, est parfois invraisemblable, mais quand on y arrive, on trouve une vraie joie, c'est source d'émerveillement, et cela ouvre souvent à plus grand encore, puisque l'on découvre de nouveaux domaines inconnus et passionnants.
Merveilleux pour qui sait conserver un regard d'enfant.

mardi 6 mai 2014

Juger en vérité: le cas de l'homosexualité

Depuis 2 ans déjà, la question de l'homosexualité a agité pas mal de milieux. En France, avec les manifs pour tous, la question s'est posée avec beaucoup d'acuité dans les milieux cathos, et on trouve plein d'articles où les uns et les autres défendent des positions qui sont forcément, la meilleure possible.
Les arguments ne sont pas tous de même nature, les références non plus bien sûr, et tout le monde ne va pas dans le même sens.
La phrase choc du pape François lorsqu'il parlait des personnes homosexuelles: "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger?" a bien sûr ému beaucoup de monde. Rappelons simplement quelques éléments:
On distingue le jugement des actes et des situations d'une part, du jugement des personnes d'autre part. Ceux qui ne distinguent pas les deux ne vont pas très loin. Ils réduisent l'autre à un trait de caractère, comportement, une caractéristique, et ferme le mystère de l'autre. Dire: c'est un blond, c'est un ch'ti, c'est un gros, c'est un hétéro, par exemple, c'est renfermer une personne entière dans un seul élément. C'est encore plus vrai pour une population: les roux, les normands, les petits, les lesbiennes. Si on est capable de comprendre que la personne n'est pas réductible à un élément, même si celui-ci le qualifie, on fait déjà un pas. Ainsi, quelqu'un qui vole est bien plus que juste un voleur: c'est une personne qui a un moment, a volé. Un alcoolique est bien plus qu'un ivrogne: c'est une personne qui souffre de trop boire et de ne pas réussir à se contrôler. Parfois, ça ne dure qu'un temps (on peut guérir d'une maladie par exemple, ou d'un travers, ou changer de métier). Parfois c'est pour toute la vie (quand on a perdu une jambe, même en remettant une prothèse, ça n'enlève pas le handicap, ça la cache).
Quand le pape parle de la personne gay, il ouvre des dimensions qui sont cachées dans une phrase parlant des gays en général. Il prend la personne avec son histoire (s'il cherche le Seigneur) et entre dans une démarche dynamique et non figée.
Il n'y a donc pas condamnation de la personne a priori.
En revanche pour les actes et les situations, la première épitre de saint Paul aux corinthiens est toujours d'actualité, comme le catéchisme de l'Eglise catholique (2357-2359) et la Tradition de l'Eglise.
Saint Paul d'abord, sur la possibilité de juger (1 Co, I): Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde? (2) Pourquoi pas, à plus forte raison, les affaires de cette vie? (3) Ne savez-vous pas que les injustes ne posséderont pas le royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les rapaces, ne posséderont le royaume de Dieu. (8-10).
Saint Paul juge donc et condamne des péchés, et indique que ceux qui se réduiront à leur péché sans chercher à en sortir, à se convertir, à abandonner qui l'injustice, qui l'impudicité, qui l'idolâtrie, ne possédera pas le royaume de Dieu.
Connaitre le péché, c'est savoir ce qui est mauvais pour soi, pouvoir s'en détourner, se convertir et arrêter de faire du mal.
L'acte homosexuel, selon le catéchisme de l'Eglise catholique, ferme l'acte sexuel au don de la vie (2357). Les dimensions de l'acte sexuel étant l'union (des corps et des âmes), le plaisir sexuel et l'ouverture à la vie (ou procréation), tout acte qui sépare une des trois dimensions des deux autres appauvrit l'acte sexuel. L'acte homosexuel est foncièrement stérile et une des trois dimensions est systématiquement absente. On peut donc dire: "les actes d'homosexualité sont intrinsèquement désordonnés". Et on ne parle bien que des actes.
Dans un article que j'ai lu récemment, l'auteur parle du passage de l'évangile avec la femme adultère: l'adultère y est reconnu comme péché et la solution de Jésus: Va et ne pèche plus, signifie clairement que la femme doit arrêter de commettre des adultères. Pourtant, dans l'article, au lieu d'arriver à la conclusion que les gays devraient arrêter de poser des actes d'homosexualité, et donc arrêter de pécher, la solution proposée est différente: comme il y a des joies et des peines dans les couples homosexuels comme dans tous les couples, elle n'a pas à se positionner et laisse chacun à sa conscience, quitte à s'opposer à la doctrine de l'Eglise.
Ne pas nommer un péché comme tel, faire croire que ce n'en est pas un, c'est s'enfermer dans une auto-justification qui nie le mal causé par ces péchés. Parce que "je ne me sens pas coupable", parce que je pense que "je ne blesse ni moi, ni ma relation au frère, ni ma relation à dieu...", alors un mal n'en est plus un.
Quand on fait un mal, on ne s'en rend pas toujours compte. Parfois, une vie entière se passe, dans laquelle on fait régulièrement du mal à quelqu'un, et on ne s'en rend pas compte, ou on ne pense pas qu'on fasse du mal. Et pourtant, des personnes sont blessées, des relations sont abîmées, et on ne s'en rend pas forcément compte.
Quand on a fait du mal, quand on a vu et subi les conséquences de ce mal, on réalise combien l'acte est mauvais et combien il est important de condamner l'acte, et de ne plus recommencer à le faire.
La voie étroite consiste à condamner le mal, qu'on connait et qu'on nomme (devoir de justice) et à pardonner la personne, qu'on apprend à connaitre et qu'on aime (devoir de miséricorde).
Ne pas dénoncer un mal est une complaisance envers ce mal. Il faut amener la personne à assumer en vérité ses responsabilités, et aller de l'avant.


Addendum: Pour aller plus loin, sur la conscience et la vérité: http://blog.lanef.net/index.php?post/Newman%2C-Docteur-de-la-conscience
Add2: Réflexion sur le "Qui suis-je pour juger du pape François" : http://www.france-catholique.fr/Qui-suis-je-pour-juger-retour-sur.html