jeudi 3 avril 2014

La tenue des filles

Aujourd'hui, je prends une actualité un peu dépassée, qui a presque une semaine, le fameux sondage effectué au Brésil indiquant que 65.1% des brésiliens sont d'accord avec la phrase suivante: "les femmes qui utilisent des vêtement montrant leur corps méritent d'être agressées" (traduction de moi de la phrase suivante: "Mulheres que usam roupas que mostram o corpo merecem ser atacadas")
Si vous voulez, c'est le graphique 24 dans ce document.
Bon, pour pondérer un tout petit peu, c'est 42.7% qui sont tout à fait d'accord, et 22.4% qui sont partiellement d'accord. De fait, il y a plusieurs constats à faire, le premier étant que ce ne sont pas que les hommes qui pensent ça, mais aussi les femmes. Un autre est que l'opinion évolue et que les jeunes ont plutôt moins tendance à le penser. Le dernier étant que les croyants sont plutôt plus portés à être d'accord avec la proposition que le reste de la population.
Et maintenant, on peut se poser une vraie question: les femmes ont-elles une part de responsabilité lorsqu'elles se font agressées? Si oui, laquelle?
Dans un système binaire où l'agression est à 100% la faute de l'homme, il suffirait donc d'éduquer les hommes à gérer leurs pulsions et les femmes seraient indifféremment touchées par les problèmes de viol quelles que soient leur attitude ou leur tenue. Si l'agression est à 100% la faute de la femme, il faudrait toutes les cacher sous un grand voile noir, et l'affaire est réglée. Mais la réalité me semble bien différente.
Oui, certaines tenues, aguicheuses, sont choquantes et excitent les garçons. Que celles qui les portent en soient conscientes ou non, qu'elles le recherchent ou non, le résultat objectif est le même, ça excite les garçons.
Oui, certains garçons se fichent pas mal de la tenue des filles et se comportent comme des chiens à aboyer dès qu'une fille passe, sifflent dès qu'une d'entre elle porte une jupe, et sont extrêmement lourds.
Certainement, et je ne dirai pas le contraire, qu'il faut éduquer les garçons à respecter les filles. J'en suis le premier d'accord. C'est de la responsabilisation.
Mais certainement que non, il ne faut pas laisser les filles s'habiller n'importe comment et faire n'importe quoi. Il faut aussi les éduquer à respecter les garçons et à s'habiller correctement. C'est aussi de la responsabilisation.
Si les filles s'habillent comme elles veulent, et le revendiquent, elles entrent dans une logique de "je fais ce que je veux". Tant qu'elles sont dedans, elles ne doivent pas s'étonner de rencontrer des personnes qui ont la même logique qui se traduit pour elles "on fait ce qu'on veut de moi". Si je ne m'interdis rien, il n'y a pas d'interdit pour les autres vis-à-vis de moi.
Si les filles demandent aux garçons d'apprendre à être responsable, de s'imposer des limites, elles entrent dans une logique de "je veux qu'on me respecte, alors on ne fait pas n'importe quoi avec moi". Tant qu'elles sont dedans, elles doivent s'imposer elles-mêmes de respecter les autres et de ne pas faire n'importe quoi.
Vouloir tenir le grand écart entre "je m'habille comme je veux" et "je ne veux pas que les garçons m'embêtent", c'est demander aux autres d'êtres responsables en refusant d'assumer une quelconque part de responsabilité.
Au fond, le problème est une question de liberté. Et de responsabilité. Je suis vraiment libre quand je suis vraiment responsable. Si je nie ma responsabilité, je grille ma liberté. Aussi bien pour les filles que pour les garçons. Ceux-ci restent responsables de leurs actes, même si cette responsabilité peut être partagée avec leur victime d'une part (plus ou moins grande), leurs éducateurs d'autres part (parents, professeurs, etc...) et la société (selon les messages qu'elle véhicule, la "femme-objet" via la pornographie étant un bel exemple de responsabilité de certaines personnes dans le passage à des actes répréhensibles).
Je conclurais donc en disant que je ne pense pas que quiconque "mérite" d'être violé, mais que certaines personnes, sans le mériter, l'ont bien cherché. Et c'est très malheureux pour elles. Je rejoins là les 22.4% de brésiliens, je suis partiellement d'accord. (Dans le sondage, 8.4% étaient partiellement en désaccord. C'est qu'ils devaient bien être un peu d'accord quelque part aussi, un peu)

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