vendredi 18 avril 2014

De la morale

Après la lecture de ce texte: Tout m'est permis, d'un auteur avec qui je partage peu les analyses, j'ai d'abord été gêné, puis j'ai trouvé pourquoi je ne pouvais être en accord avec sa position. Cette gêne existait déjà lors de la lecture d'un précédent: Contre l'apologétique.
Dans ce dernier, il y avait une critique vigoureuse de l'apologétique. Selon la conférence des évêque de France, l'apologétique propose des arguments qui prouvent qu'il est raisonnable de croire, c'est une partie de la théologie. Elle vit des hauts et des bas, fut rejetée il y a encore peu de temps, et retrouve une place croissante actuellement. Elle a sa place et permet à la Raison de s'exprimer, sans aller à l'encontre de la morale mais bien au contraire en montrant que Foi et Raison vont de pair. Le Catéchisme de l'Eglise catholique dit même à l'article 159 que: "Bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre elles." Chacune à sa place sert la Vérité, et refuser le rôle de l'un au nom de la supériorité de l'autre, c'est tronquer un tout et cela mène à un manque à gagner important: tout a un rôle et une place propre. C'est rapidement ce que je pensais de cette question, les fruits de l'apologétique ayant en plus été abondants à certaines époques, la remettre à sa juste place (sans défaut, sans excès) serait un véritable trésor.
Mais si j'écris, c'est bien pour le premier article cité qui frappe un autre élément qui me semble extrêmement précieux: la morale.
Il existe des plantes qui poussent avec des tuteurs. Sans, elles poussent de travers; avec, elles poussent droit et haut, et dépasse de loin ce qu'elles auraient pu faire autrement. 
A mes yeux, la morale est un tuteur de l'âme.
Commençons par poser quelques points importants: avec saint Augustin, j'affirme "aime et fais ce que tu veux". Si tu fais quelque chose d'un amour authentique, d'une raison éclairée en pleine liberté et conscience, oui, tout t'est permis. Tout! Tout par amour. Et donc en accord avec le début du texte, oui, tout m'est permis, m'est tout n'est ni profitable, ni édifiant, et il ne faut se laisser dominer par rien, si ce n'est l'amour. Oui, rien n'est impur en soi, et rien ne doit être mis devant un frère qui puisse le faire buter ou tomber.
La première pierre d'accroche, de désaccord, est la toute première conclusion tirée des extraits des épîtres de saint Paul aux corinthiens et aux romains, lorsque l'auteur en conclue que tout ce qu'on désigne sous le nom de morale est vain.
Pour pousser, ma plante a besoin de terre, de soleil, et d'eau. Le tuteur l'aide et le soutient. On ne peut pas vivre avec un tuteur sans terre, ou sans soleil, ou sans eau. Mais il a sa place. Pour s'élever, elle a besoin d'un support, sans quoi elle tombe.
La morale, réduite à un ensemble de règles détachées de la conscience, de la relation à Dieu, ou de la tradition de nos prédécesseurs, n'est pas à sa place. Elle a sa place lorsqu'elle laisse la première place à la conscience (in fine, en situation d'un cas de conscience, il faut écouter sa conscience et la suivre, même si ça coûte), lorsqu'elle permet l'accroissement et l'approfondissement de la relation à Dieu, lorsqu'elle s'appuie sur le vécu, l'expérience et les enseignements de personnes qui ont vécu ou étudié les questions avant nous.
Une morale sans conscience est une morale sèche. Une morale sans Dieu est une morale vaine. Une morale sans racine est un peu de paille ballotté par le vent.
Mais une morale qui respecte la conscience, permet la relation à Dieu et s'appuie sur les enseignements des sages et de la vie, celle-ci est un formidable moyen d'être heureux.
Oui, la morale est un moyen, non un but, et le but vers lequel elle tend est le bonheur.
Tout m'est permis.
Aime et fais ce que tu veux.
La morale, lorsqu'elle répond à sa fonction, me permet de faire ce qui est vraiment bon pour moi, tout ce qui est bon, et de fuir le mal. Elle permet d'aimer en vérité, de mieux connaitre la vérité, et d'adhérer à ce qui rend heureux.
Ce qui est vraiment bon, c'est ce qui rend heureux et libre. La morale permet d'aider à discerner.
Ce qui est mauvais, c'est ce qui finit par rendre malheureux et aliène. La morale permet de le désigner.
Rejeter toute morale, considérer la morale comme un mal en soi, voilà de quoi faire buter et tomber son frère, lui retirant un précieux moyen souvent éprouvé par le temps de discerner le bien du mal.
Vouloir tracer soi-même les limites du bien et du mal, les définir... n'est-ce pas consommer le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et choisir nous-même ce qu'on voudrait être bien ou mal?
La morale, à sa juste place, c'est un chemin vers le bonheur.

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