mardi 6 mai 2014

Juger en vérité: le cas de l'homosexualité

Depuis 2 ans déjà, la question de l'homosexualité a agité pas mal de milieux. En France, avec les manifs pour tous, la question s'est posée avec beaucoup d'acuité dans les milieux cathos, et on trouve plein d'articles où les uns et les autres défendent des positions qui sont forcément, la meilleure possible.
Les arguments ne sont pas tous de même nature, les références non plus bien sûr, et tout le monde ne va pas dans le même sens.
La phrase choc du pape François lorsqu'il parlait des personnes homosexuelles: "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger?" a bien sûr ému beaucoup de monde. Rappelons simplement quelques éléments:
On distingue le jugement des actes et des situations d'une part, du jugement des personnes d'autre part. Ceux qui ne distinguent pas les deux ne vont pas très loin. Ils réduisent l'autre à un trait de caractère, comportement, une caractéristique, et ferme le mystère de l'autre. Dire: c'est un blond, c'est un ch'ti, c'est un gros, c'est un hétéro, par exemple, c'est renfermer une personne entière dans un seul élément. C'est encore plus vrai pour une population: les roux, les normands, les petits, les lesbiennes. Si on est capable de comprendre que la personne n'est pas réductible à un élément, même si celui-ci le qualifie, on fait déjà un pas. Ainsi, quelqu'un qui vole est bien plus que juste un voleur: c'est une personne qui a un moment, a volé. Un alcoolique est bien plus qu'un ivrogne: c'est une personne qui souffre de trop boire et de ne pas réussir à se contrôler. Parfois, ça ne dure qu'un temps (on peut guérir d'une maladie par exemple, ou d'un travers, ou changer de métier). Parfois c'est pour toute la vie (quand on a perdu une jambe, même en remettant une prothèse, ça n'enlève pas le handicap, ça la cache).
Quand le pape parle de la personne gay, il ouvre des dimensions qui sont cachées dans une phrase parlant des gays en général. Il prend la personne avec son histoire (s'il cherche le Seigneur) et entre dans une démarche dynamique et non figée.
Il n'y a donc pas condamnation de la personne a priori.
En revanche pour les actes et les situations, la première épitre de saint Paul aux corinthiens est toujours d'actualité, comme le catéchisme de l'Eglise catholique (2357-2359) et la Tradition de l'Eglise.
Saint Paul d'abord, sur la possibilité de juger (1 Co, I): Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde? (2) Pourquoi pas, à plus forte raison, les affaires de cette vie? (3) Ne savez-vous pas que les injustes ne posséderont pas le royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les rapaces, ne posséderont le royaume de Dieu. (8-10).
Saint Paul juge donc et condamne des péchés, et indique que ceux qui se réduiront à leur péché sans chercher à en sortir, à se convertir, à abandonner qui l'injustice, qui l'impudicité, qui l'idolâtrie, ne possédera pas le royaume de Dieu.
Connaitre le péché, c'est savoir ce qui est mauvais pour soi, pouvoir s'en détourner, se convertir et arrêter de faire du mal.
L'acte homosexuel, selon le catéchisme de l'Eglise catholique, ferme l'acte sexuel au don de la vie (2357). Les dimensions de l'acte sexuel étant l'union (des corps et des âmes), le plaisir sexuel et l'ouverture à la vie (ou procréation), tout acte qui sépare une des trois dimensions des deux autres appauvrit l'acte sexuel. L'acte homosexuel est foncièrement stérile et une des trois dimensions est systématiquement absente. On peut donc dire: "les actes d'homosexualité sont intrinsèquement désordonnés". Et on ne parle bien que des actes.
Dans un article que j'ai lu récemment, l'auteur parle du passage de l'évangile avec la femme adultère: l'adultère y est reconnu comme péché et la solution de Jésus: Va et ne pèche plus, signifie clairement que la femme doit arrêter de commettre des adultères. Pourtant, dans l'article, au lieu d'arriver à la conclusion que les gays devraient arrêter de poser des actes d'homosexualité, et donc arrêter de pécher, la solution proposée est différente: comme il y a des joies et des peines dans les couples homosexuels comme dans tous les couples, elle n'a pas à se positionner et laisse chacun à sa conscience, quitte à s'opposer à la doctrine de l'Eglise.
Ne pas nommer un péché comme tel, faire croire que ce n'en est pas un, c'est s'enfermer dans une auto-justification qui nie le mal causé par ces péchés. Parce que "je ne me sens pas coupable", parce que je pense que "je ne blesse ni moi, ni ma relation au frère, ni ma relation à dieu...", alors un mal n'en est plus un.
Quand on fait un mal, on ne s'en rend pas toujours compte. Parfois, une vie entière se passe, dans laquelle on fait régulièrement du mal à quelqu'un, et on ne s'en rend pas compte, ou on ne pense pas qu'on fasse du mal. Et pourtant, des personnes sont blessées, des relations sont abîmées, et on ne s'en rend pas forcément compte.
Quand on a fait du mal, quand on a vu et subi les conséquences de ce mal, on réalise combien l'acte est mauvais et combien il est important de condamner l'acte, et de ne plus recommencer à le faire.
La voie étroite consiste à condamner le mal, qu'on connait et qu'on nomme (devoir de justice) et à pardonner la personne, qu'on apprend à connaitre et qu'on aime (devoir de miséricorde).
Ne pas dénoncer un mal est une complaisance envers ce mal. Il faut amener la personne à assumer en vérité ses responsabilités, et aller de l'avant.


Addendum: Pour aller plus loin, sur la conscience et la vérité: http://blog.lanef.net/index.php?post/Newman%2C-Docteur-de-la-conscience
Add2: Réflexion sur le "Qui suis-je pour juger du pape François" : http://www.france-catholique.fr/Qui-suis-je-pour-juger-retour-sur.html

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